Chers Frères et sœurs

Mercredi dernier avec le rite des cendres, nous commencions le carême avec un jeûne comparable à celui du Vendredi-saint en vue de bénéficier de cette grâce que l’Esprit Saint offre à son Église en ce temps particulier de préparation au Triduum pascal.

Le premier dimanche de l’année B propose à notre réflexion le bref récit de la tentation mystérieuse du Christ au désert ; Saint Marc ne décrit pas en détail chacune des tentations, ni le nombre, sa concision a l’avantage de nous faire percevoir, en un raccourci, la trajectoire en quatre étapes par lesquelles s’accomplit pour nous le mystère rédempteur :

d’abord la manifestation de l’Esprit, à son heure, pour celui qui s’y engage, puis la tentation ou l’épreuve de la quarantaine, correspondant symboliquement à la vie humaine, et qu’on ne saurait affronter sans l’appui de la force libératrice de l’Esprit ;

ensuite avec la maturité de l’expérience spirituelle du combat s’entrouvre la réconciliation paisible avec les créatures et avec Dieu, alors le Christ est prêt pour effectuer enfin sa mission de libération ou de délivrance auprès du peuple.

Jésus vient donc de recevoir de Jean le Baptiste, le Baptême de purification dans l’eau vive du Jourdain, et par ce geste d’abaissement il signifie son humble soumission à la volonté du Père qui veut tirer l’humanité du pouvoir du Malin. C’est dans cette situation apparemment étrange de l’immersion que le Christ attirera sur Lui le Don de l’Esprit, sous forme de colombe, qui exprime à la fois la reconnaissance du bon plaisir du Père à son égard et la reprise d’une nouvelle création. L’Esprit sera dans son humanité propre, son guide et son soutien tout au long de sa Mission rédemptrice ; et il en sera de même plus tard, pour l’extension de ce corps, en chacun des membres de l’Église, qui en gratitude, acquiesce par amour, personnellement, à ce geste surprenant d’obéissance.

C’est là en effet, par ce geste substitutif d’acceptation du Baptême, qu’Il se charge de la transgression de tous les hommes et femmes, afin que ceux-ci puissent, dans la mesure de leur désir et de leur foi, le suivre consciemment et volontairement, dans la réalisation ardue de ce mystère : mystère salvateur qu’Il va assumer jusqu’à la croix et la mort afin de parvenir à l’expérimentation du royaume des cieux. C’est pour cela qu’après l’épreuve, nous dit saint Marc, le Christ vivait dans la bonne compagnie des bêtes sauvages, et qu’au terme de sa soumission victorieuse aux puissances hostiles, les anges le servaient : Il anticipait ainsi le nouveau Paradis. C’est alors seulement qu’Il va pouvoir commencer son ministère public de libération du mal, et d’instruction sur le Royaume des cieux ; ainsi Jésus partit pour la Galilée proclamer l’Évangile.

Frères et sœurs, puisque le Seigneur veut nous initier à son Mystère, il est normal qu’en ce temps de carême nous ressentions plus vivement des tentations.

Car c’est le même Esprit qui nous pousse aujourd’hui à prendre part au mystère rédempteur du Seigneur, à l’actualiser librement, et à opter délibérément pour l’avènement de son Règne.

C’est ainsi qu’Il nous apprend à reconnaître la Miséricorde du Père pour chacun d’entre nous, et par suite envers tous. Nous devenons alors moins sévères envers les autres, et nous comprenons pourquoi le Seigneur demande de prier pour eux : ceux qui en particulier nous font souffrir.

Dans sa première lettre, Saint Paul nous enseigne que le Christ, le juste par excellence, est mort pour les coupables que nous étions, pour nous introduire devant Dieu. C’est dans sa chair qu’Il a été mis à mort, et c’est dans l’Esprit qu’Il a été rendu à la vie ».

En participant au mystère eucharistique, nous nous engageons avec une conscience droite dans ce mystère propre de Jésus mort et ressuscité pour le Salut du monde. Maintenant notre foi nous convainc qu’Il est encore ascensionné et glorifié comme grand Prêtre pour intercéder en notre faveur jusqu’à la fin des temps ; aussi sommes-nous assuré qu’Il nous entend.

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