Homélie du dimanche 19 Mai 2019
5ème Dimanche du Temps Pascal – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Ce Vème dimanche après Pâques nous propose un retour en arrière sur l’évènement du Mystère pascal. Peut-être pour mieux approfondir le grand changement que le Christ a opéré dans le cours de l’histoire, lui imposant un retournement vers Dieu.
Tous les hommes qui étaient fermés ou oppressés par les puissances des ténèbres et du Mal… de la mort, ont désormais la possibilité d’être sauvés par la puissance de l’Amour du Christ. C’est Lui qui montre à tous le chemin ardu du retour vers Dieu dans cette amitié de Dieu.
Il se propose aujourd’hui en exemple parce que le Christ maitrise l’histoire des hommes en dépit des forces obscures qui la traversent et l’animent depuis la révolte originelle des premiers temps, qui perdure encore.
St Jean nous montre bien que c’est Jésus qui ordonne à Judas d’accomplir sa besogne, afin que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, et que le dessein de Salut, envisagé par Dieu de toute éternité, puisse s’accomplir. Dessein de libération du genre humain qui gît sous l’empire démoniaque : le grand adversaire de Dieu qui veut sa déchéance, sa perte.
En St Jean transparait le comportement seigneurial du Christ, il présente la Passion de Jésus comme la prise en main d’un combat qu’il sait déjà victorieux, et qui cherche à initier un chemin d’élévation vers la gloire du Père.
Jésus dès lors peut dire « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié et Dieu est glorifié en lui ».
Le Christ accepte pleinement, librement, par Amour pour nous et son Père, que la volonté de justice s’accomplisse. Le fait que Jésus assume dans l’Amour oblatif une obéissance sans conditions, sans limites, transforme son humiliation extrême, dans l’humanité déchue, en glorification. Le double témoignage de l’Amour de Dieu et des hommes se réunissent en Lui, dans son état consenti de victime. Il est l’innocent, le bien-aimé. Il sait que son offrande sera agréée, et ainsi que le Salut et la participation à la Vie divine sera accessible à tous les hommes de bonne volonté.
Sans doute le Christ n’ajoute rien à la gloire infinie du Père. Pourtant aux créatures spirituelles que nous sommes, Il manifeste la gloire de Dieu par cet Amour excessif qu’Il nous découvre et le pardon qu’Il nous acquiert. Cette décision murie dans l’incompréhension de son ministère, et bientôt dans la souffrance physique de sa Passion, nous dévoile en effet que la gloire de Dieu réside dans cet Amour, qui est un Amour de miséricorde, et qui se communique aux croyants pour les mener à sa ressemblance, et à Le suivre dans ce mouvement de glorification.
« Alors si Dieu est glorifié en lui poursuit Jésus Dieu aussi le glorifiera et il le glorifiera bientôt ».
Le Christ peut donc instituer le mémorial eucharistique, maintenant, à cette heure, avant qu’Il quitte ses disciples ; et les assurer d’une Présence bientôt nouvelle au milieu d’eux, lorsqu’Il sera glorifié corporellement auprès de son Père après l’Ascension.
Le destin qu’Il assume pour le Salut de tous concerne aussi les apôtres. Eux aussi sont appelés à y participer, et ils pourront le faire par la grâce du Don de l’Esprit Saint. Si les apôtres ont été les premiers bénéficiaires du ministère du Christ, c’est pour pouvoir à leur tour en témoigner et faire partager cette puissance de Salut, désormais proposée aux hommes, afin de vivre dans cette Alliance restaurée avec Dieu.
Comment cette Alliance sera vécue ? Et bien, Jésus nous en donne aujourd’hui la réponse : par l’exercice du commandement nouveau, précisément de cet Amour entre les hommes et entre Dieu, qu’Il a assumé. Ce commandement qui dépasse la loi naturelle parce qu’il met en acte l’Amour même du Christ en nous. Nous aimer les uns les autres comme Jésus lui-même nous a aimés…
Laisser l’Amour de Dieu nous traverser. Et cet Amour prendra la figure que Jésus a donnée à travers deux gestes symboliques, juste avant de se séparer des apôtres : d’abord le Lavement des pieds qui manifeste le comportement de service mutuel entre les disciples, et aussi par le renouvellement en communauté de l’institution de la Saint Eucharistie qui Le rend présent sacramentellement. Et cela, pour nous être donné en exemple sacré et rendre au Père l’action de grâce.
Que cette célébration de l’Eucharistie nous fasse expérimenter humblement cet Amour de Dieu qu’Il nous communique.