Homélie de la Solennité Saint Joseph, époux de la Vierge Marie – Samedi 19 mars 2022 – Année C
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés,
les textes de la Parole de Dieu que nous avons aujourd’hui nous dressent comme une grande fresque de l’histoire du Salut. Avec Paul nous plongeons dans la Présence de Dieu qui intervient dans l’histoire humaine : qui a déjà fait, qui a créé l’humanité, qui s’adresse à Abraham. Cet appel d’Abraham va être le socle de la vie des patriarches, les premiers parmi eux, et le socle du peuple hébreux ; ensuite, l’ouverture avec l’Église sur tout l’humanité : le Salut proposé à toute l’humanité, à chaque être humain en particulier.
Ces textes soulignent la fidélité de Dieu dans l’histoire humaine : à la fois, Dieu intervient dans l’histoire humaine (c’est le propre du judéo-christianisme) ; Dieu intervient dans l’histoire humaine. Il est transcendant. Il est le tout Autre. Il se fait Celui qui est le plus proche de nous ; à tel point qu’Il se fait l’un de nous : le Verbe fait chair.
Et le Seigneur, tout au long de cette histoire, accompagne l’humanité. Il ne fait pas simplement des interventions directes mais Il accompagne sans arrêt ; Il mûrit le projet, afin que comme un fruit qui se prépare à partir du bourgeon, la sève du bourgeon, tout de suite la fleur éclot, puis le fruit est donné. Ce fruit, c’est le Christ Jésus, vrai Dieu et vrai homme, le Fils unique du Père qui est envoyé dans l’amour du Père et la puissance de l’Esprit Saint pour sauver l’humanité, et l’introduire dans la vie trinitaire qui est le but de la création et de la rédemption : partager la vie de Dieu, être divinisé, déifié. C’est le désir le plus profond de l’être humain et c’est le projet de Dieu.
Nous voyons cette fidélité du Seigneur qui s’exprime de manière historique, à peu près dix siècles avant le Christ, dans ce texte du 2ème Livre de Samuel, au chapitre VII, où à travers le prophète Nathan, Dieu s’engage auprès de David et fonde la dynastie davidique. C’est cette promesse que Dieu fait à David : Tu auras un descendant qui règnera toujours.
Évidemment, dans les royaumes d’ici-bas nous voyons très bien qu’il y a du plus et du moins, les choses éclosent et ensuite disparaissent. Mais nous sommes invités à regarder Celui qui est le fruit ultime de cette promesse : Jésus !
Si Marie et Jésus appartenaient à la descendance de David, c’est par Joseph que Jésus devient roi d’Israël. Quand Il est sur la Croix, Pilate fait mettre un panneau en haut : « Jésus-Christ, le Nazaréen, Roi des Juifs » ; Il est réellement le roi des Juifs, par Joseph. Ainsi, Il accomplit la promesse faite à David ; mais c’est une promesse qui est tout à fait autre que ce que David pouvait penser : c’est pas simplement régner sur l’univers, sur tous les royaumes de la terre, être le plus riche, le plus fort, le plus puissant et de pérenniser ce pouvoir… pas du tout !
Son pouvoir passe par la Croix !
Dieu n’aime pas la grandeur, Il n’aime pas qu’on fasse du théâtre pour impressionner les autres ; nous sommes appelés à vivre en profondeur et à rentrer dans ce Mystère pascal qui est un mystère d’humilité, de douceur, d’effacement. Dieu se fait humble, Il est humble. Il nous appelle à rentrer dans ce mouvement d’humilité.
C’est par Joseph que nous fêtons aujourd’hui que Jésus peut accomplir la mission qu’il a reçu de son Père et accomplir toute Écriture de façon réelle, historique, profonde, on pourrait dire juridique. Il est vraiment le descendant de David, ce n’est pas une façon de parler !
Dieu est fidèle, mais aussi dans les petites choses. Il ne se contente pas d’avoir des grands projets… et, en gros c’est réussi ! Non, Dieu ne fait pas les choses de manière générale ou de manière collective, Il les fait de manière précise, afin que chacun, et chacune, puisse recevoir la plénitude de ce qu’il veut donner.
Cependant, cette plénitude nous bouscule, nos projets ne sont pas ceux de Dieu ! Nous sommes appelés sans cesse à nous convertir pour entrer dans le dessein de miséricorde du Seigneur, qui nous bouscule tout le temps !
Nous aimerions, nous, les choses très organisées où le projet de Dieu s’accomplit de manière évidente, avec force, avec efficacité, où il n’y a rien à contester.
Non ! Le Seigneur intervient et nous appelle sans cesse à nous convertir pour entrer dans ce projet d’amour.
En fait, le péché nous éloigne de Dieu et déforme notre façon de penser. Nous voyons de façon trop humaine, blessés par les conséquences du péché originel. Sans cesse nous sommes appelés à nous convertir pour entrer dans ce projet de Dieu, cette fidélité de Dieu et la fidélité de Dieu appelle, d’un autre côté, la foi : la foi qui adhère à cette Parole de Dieu, à cet accompagnement de Dieu qui nous suit tout au long de l’histoire humaine.
Aujourd’hui encore, Dieu n’est pas absent, Joseph continue de veiller sur l’Église. C’est le Pape Pie IX au 19ème siècle, qui l’a déclaré Patron de l’Église universelle, protecteur si on peut dire. Joseph l’est réellement, comme il a protégé Jésus. Il a protégé le Fils de Dieu et il continue à protéger Jésus, qui est l’Église, son Corps, le plérome du Christ ; c’est-à-dire : Jésus qui est la tête de l’Église, et chacun de nous (l’humanité est appelé à entrer dans l’Église) qui est la plénitude du Corps du Christ.
Donc, Joseph veille et intercède sans cesse pour que le Corps du Christ qui est l’Église soit protégé et soit rempli de cette grâce divine, mais aussi que toute l’humanité soit bénéficiaire de manière objective de cette grâce. Elle l’est par le sacrifice du Christ sur la Croix mais elle doit être appliquée à chacun et à chacune d’entre nous.
Après, nous rentrons dans le Mystère de Dieu. Le Concile Vatican II dans Gaudium et Spes nous dit : d’une manière particulière, chaque être humain a connaissance et participe à ce mystère pascal, d’une façon que Dieu seul connait. En fait, c’est le mystère de Dieu, et de la puissance de Dieu, qui va au cœur même de tout être humain.
Alors, que cette fête de St Joseph soit pour nous un élan nouveau, quelque chose qui nous réveille dans notre foi et notre espérance ; en sachant que l’œuvre du Salut s’accomplit aujourd’hui. Ce n’est pas une histoire passée, une histoire ancienne.
Aujourd’hui, Dieu agit ! Aujourd’hui, Dieu veut agir par nous, et tout d’abord, dans notre âme afin que nous soyons remplis de cette présence de Dieu.
Ensuite, de l’épancher sur les autres, d’être des canaux de la grâce, d’être des acteurs actifs, à notre place, humbles, là où Dieu nous a mis – comme disait François de Sales : fleurir là où Dieu nous a mis – d’être vraiment efficaces, efficients, là où Dieu nous a mis !
Pas être demi endormis, ou de chercher autre chose que la volonté de Dieu, de chercher notre épanouissement là où Dieu ne veut pas que nous l’ayons ! Parce que ce n’est pas notre bien éternel.
Donc, entrons dans cette dynamique en cherchant la volonté amoureuse de Dieu ; livrons nous à l’action de l’Esprit Saint, afin que comme Joseph et sous sa protection, nous puissions accomplir la vocation, et la mission, que Dieu confie à chacun et à chacune d’entre nous ; et que l’Église puisse, en tant que telle, pleinement répondre à l’attente de son époux, le Christ Jésus.