Chers Frères et Sœurs,
Comme c’est souvent le cas dans l’Évangile de Marc, nous venons d’entendre les pharisiens et quelques scribes s’opposer à Jésus. Pour bien comprendre et méditer ce texte, il nous faut garder présent à l’esprit, que d’affrontements en affrontements, d’oppositions en discussions, l’Évangile nous conduira à la mort du Sauveur sur la Croix ; et que ces affrontements nous disent tous quelque chose d’essentiel de la mission du Sauveur.
« Ils voient quelques-uns des disciples de Jésus prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées ». Jésus mange avec les publicains et les pécheurs, Il va jusqu’à dire que ceux-ci nous précéderont dans le Royaume. C’est lors d’un repas qu’il instituera le sacrement de son amour. Ce qui se passe dans le texte que nous venons d’entendre, n’est donc pas une discussion anodine sur ce qu’il convient de faire avant de passer à table. Quelque part, c’est toute la Bonne Nouvelle du salut qui est en jeu autour de cette discussion sur le pur et l’impur.
L’opposition entre Jésus et les pharisiens s’articule comme nous venons de l’entendre autour de deux apparentes contradictions : les préceptes humains et le commandement de Dieu, l’extérieur et ce qui entre en l’homme face à l’intérieur et ce qui sort du cœur de l’homme.
La lettre de saint Jacques vient de nous le rappeler : « Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter ». Mettre la Parole en pratique, c’est accueillir le commandement de Dieu dans toute sa richesse et son étendue, sans le transformer, sans le réduire en un précepte humain. Si nous voulons discerner ce qui distingue l’un de l’autre : le précepte humain exclut, sépare et divise, alors que le commandement de Dieu réconcilie, pardonne et réunit. Comme le dira le Sauveur un peu plus loin dans l’évangile de Marc à un scribe qui lui demandait quel est le premier de tous les commandements : « Voici le premier : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Et voici le second : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a pas de commandement plus grand que ceux-là ». Le commandement est ce qui fait grandir l’amour qui vient de Dieu, l’amour qui ne met pas de limites, qui ne dresse pas de barrière mais construit des ponts. C’est cela qui rend proche de Dieu.
Et cet amour, qui est un Don de Dieu au plus profond du cœur de l’homme, sort de l’intérieur, mais il doit aussi se manifester en actes. La lettre de Jacques que nous venons d’entendre nous rappelle que nous devons avoir un comportement religieux, pur et sans souillure. L’intériorité, c’est ce que le Père voit dans le secret. Il peut y avoir certes l’impressionnant catalogue de vices que l’Évangile de Marc dresse, mais il y a aussi si nous les accueillons toutes les vertus qui en sont le remède et que l’Esprit Saint met dans nos cœurs lorsqu’il nous purifie. Tout cela, s’il est authentique, ne demande qu’à sortir à l’extérieur, qu’à se manifester.
Et pourtant, ce qui nous vient de l’extérieur de multiples manières doit être aussi l’objet de notre discernement. Il nous arrive de l’extérieur jusque dans notre cœur beaucoup d’images, beaucoup de paroles et de discours qui appellent à la violence, à la dispersion et à la division. Alors que sonnent les cloches de la rentrée, ne nous laissons pas influencer par ces préceptes humains mais retournons à l’unité autour du Christ qui donne sa vie pour tous.
Être chrétien, c’est le prendre pour modèle et pour guide ; c’est de l’intérieur, le suivre pas à pas dans les Évangiles ; c’est nous opposer aux pharisiens et aux scribes d’aujourd’hui qui prêchent la division en repoussant ceux qui sont différents.
Notre manière d’être avec ceux que le monde rejette, manifeste la vérité de notre suite du Christ.