Homélie du dimanche 20 décembre 2020 – 4ème dimanche de l’Avent- Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

À quelques jours de Noël, l’Église propose, le dernier dimanche de l’Avent, l’évangile de l’Annonciation de la Vierge Marie.

Cet évangile de St Luc reprend l’une des grandes prophéties de l’Ancien Testament sur l’avènement du Messie. Elle eut lieu lors de la fin du règne du roi David comme nous le rapporte le second Livre de Samuel que nous avons entendu en première lecture.

Le roi d’Israël, qui habite dans un palais tout neuf, a mauvaise conscience du fait que Dieu, qui l’a tant aidé au cours de sa carrière, doive se contenter d’une simple tente. Il décide donc, comme le font souvent les rois des nations païennes, de construire pour Dieu, le Dieu de ses pères, un temple, avant de mourir.

Le prophète Nathan, à qui il se confie de son projet, acquiesce d’abord. Cependant, la nuit suivante, Dieu intervient. Il pose à David, par son intermédiaire, une question sur la signification profonde de ce projet, qui en soit n’est pas mauvais, mais qui touche à la relation que Dieu entretient avec son peuple. Relation qui date depuis plusieurs siècles : le Dieu d’Abraham, de Jacob, de Moïse, peut-il habiter une maison bâtie à la manière des hommes ?

David aurait-il oublié que Dieu est le Roi de la terre, et que l’histoire d’Israël lui est particulièrement propre ?

C’est ce Dieu qui prend l’initiative des grands évènements de l’Alliance car l’édification d’un temple a un sens particulièrement important dans la célébration de celle-ci : la décision de bâtir un temple a un sens théologique.

Cette décision appartient à Dieu. N’est-ce-pas Lui qui depuis Jacob, avec le songe du torrent du Yabboq, établit Israël comme partenaire humain pour constituer une Alliance par laquelle tous les hommes seront bénis selon la promesse faite à Abraham.

Dieu projette de régner à nouveau sur les hommes, en dépit de la malveillance déclarée par l’Ange révolté, qui sépara l’homme de son Créateur.

N’est-ce pas ce Dieu Architecte de l’univers, qui a donné à Moïse sur la montagne la structure sacrée de la Tente du rendez-vous avec Dieu ? Avec tout ce mobilier qui devait contenir, pour célébrer dignement, le culte de louange et d’action de grâce.

C’est au Dieu saint unique que doit être rendu ce culte. Et c’est cela que Dieu désire, puisqu’Il révèle à son peuple qu’Il est heureux de vivre dans la compagnie des hommes qui le craignent.

Dieu souhaite habiter hors de Lui-même et répandre sa gloire sur ses créatures… du moins ses créatures qui croient en sa bonté, en la vérité, la justice et la paix : tous ceux qui constituent ainsi des pierres d’attente à l’avènement d’un nouveau règne de Dieu.

Cette vue symbolique du désir de Dieu, de son habitation avec les hommes, se trouve évoquée dans les paroles de Nathan, que nous retrouvons aujourd’hui dans celles de l’Ange Gabriel : « tu vas enfanter un fils… il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob ».

L’accomplissement de la prophétie en la Vierge Marie démontre la fidélité de Dieu envers son peuple, mais aussi qu’Il réalise ses promesses bien au-delà de ce que nous pouvons imaginer !

Il est notable, qu’au cours de son ministère, le Christ ait interrogé ses adversaires à propos du psaume 109, que nous chantons le dimanche à vêpres : « Pourquoi le roi David appelait-il son fils : « son seigneur » ?

Jésus ne pouvait oublier que son existence humaine était redevable à l’humble Vierge Marie et que sa maternité constituait une figure exemplaire, typique, pour tous les membres de son Corps mystique. Il le confirmera solennellement, quoique d’une manière paradoxale et très discrète, lorsque sa mère se trouvera au pied de la Croix en présence de son fils nouveau, en la personne du disciple bien aimé.

On peut donc comprendre, maintenant, la grande réflexion que St Paul projette dans ses Lettres, sur la manifestation du « mystère », du Corps du Christ, qui est désormais, « porté à la connaissance de toutes les nations, pour les amener à l’obéissance de la foi ».

Cette obéissance de foi, dont Marie est le modèle, au moment de son consentement prodigieux, à devenir Mère de son Seigneur.

Marie ne s’est pas regardée elle-même. Au contraire, elle s’est effacée, et elle s’est abandonnée entièrement, dans la foi, au bon vouloir de Dieu.

Ce n’est qu’ainsi que Dieu peut réaliser son grand dessein d’Alliance avec l’humanité entière.

En ce dimanche avant Noël, l’Église nous demande de prendre les dispositions théologales d’accueil de la Vierge Marie, pour bien saisir la grâce de Dieu qui, en ces jours, vient nous visiter.

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