Homélie du dimanche 20 mars 2022 – 3ème Dimanche de Carême – Année C

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs,

Aujourd’hui, l’un des textes qui nous rassemble nous parle de la Mer Rouge : nous sommes appelés à nous laisser libérer par Dieu.

Tout d’abord, en écoutant sa Parole. Nous sommes appelés à faire silence en nous, à garder un silence intérieur, une modestie intérieure, pour écouter la Parole de Dieu qui vient faire la vérité, illuminer notre vie, et nous libérer. Cette Parole nous dit que Dieu rentre dans notre histoire, l’histoire personnelle mais l’histoire du peuple de Dieu, l’histoire de l’humanité. Il n’est pas le grand horloger ! Il est plus que cela ! Il est le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! Celui qui a rencontré ces hommes, les a conduits et a fondé le peuple de Dieu : Israël.

Le Seigneur, le Très haut, vient à notre rencontre pour saisir notre fragilité, saisir les paradoxes et ce qui nous apparait comme des oppositions radicales de notre vie.

Le Seigneur est tendresse et pitié… et nous voyons des massacres !

Le Seigneur fait miséricorde… et l’être humain s’entretue de manière continuelle.

Nous sommes appelés à recevoir ce Dieu miséricordieux pour laisser fondre notre cœur afin d’avoir une attitude qui corresponde à cette attitude divine.

Face au Mal, face à la souffrance, face au péché, face au mal moral, face au mal naturel, Dieu donne une réponse. Cette réponse n’est pas dans une explicitation des faits : Dieu répond en se donnant lui-même ! Dieu répond en manifestant la dignité que nous avons à ses yeux. Dieu nous prend au sérieux pour détruire le Mal, pour nous accompagner dans la souffrance, pour nous faire sortir du péché, Dieu vient lui-même. Il ne nous donne pas une méthode. Il ne nous donne pas un système de pensée. Il vient, Lui, dans la Personne de son Fils et par le don de son Esprit Saint !

Cette libération se fait sur la Croix. C’est en étant crucifié, en prenant tous nos péchés (mes péchés !) sur la Croix, que le Seigneur vient nous libérer et donne sens à toute souffrance ici-bas, à tout ce qui nous parait – et qui est parfois – incohérent, tout ce qui est injuste, tout ce qui est atroce, tout ce qu’on ne voudrait pas vivre ni faire vivre aux autres.

À la fois, nous sentons que nous sommes victimes et coupables… nous sentons dans notre cœur que nous ne sommes pas si clairs que cela et que nous aussi, nous participons au péché du monde ; c’est pas simplement « les autres » qui commettent des péchés ou des atrocités ; en nous-mêmes, nous avons une certaine brume par moment qui n’est pas extraordinaire… Et en même temps, nous sommes victimes comme les autres, victimes de l’injustice – parfois victime de soi-même, de notre sottise. Nous sommes appelés à accueillir Jésus qui vient nous libérer : de soi-même, de notre faux « moi », pour entrer dans ce « moi » qui sort des mains de Dieu et que Dieu crée en permanence. L’acte créateur continue. Il nous maintient dans l’être.

Sinon on tomberait dans le « non-être ».

Ce Dieu qui se définit comme : « Je suis » ; qui vit par Lui-même et en Lui-même, et qui nous donne vie, nous sommes des êtres participés. Dieu est tout et nous participons par gratuité, par acte d’amour, à cet Être de Dieu, comme dans ses autres qualités. Le Seigneur vient à notre rencontre pour répondre à notre soif de bonheur, à ce bonheur qu’il veut nous donner, et à l’échec apparent de notre vie et de la vie de l’humanité, dans ses conflits, ses contradictions, ses guerres.

Il vient ! Il vient Lui-même. Il vient dans son Fils et dans le don de son Esprit Saint.

C’est pourquoi nous sommes appelés vraiment à nous convertir. Et quel est le nœud de notre conversion ? C’est de nous ouvrir à la Présence de Jésus dans notre vie ; sinon nous restons appuyés sur soi-même : « Je vais m’en sortir ; je vais me convertir… je !moi ! »…

Le Seigneur nous demande de l’accueillir : « Veux-tu m’accueillir ? »

Le fait d’être avec Jésus dans un dialogue existentiel, dans un dialogue quotidien, dans la prière, dans la réception des sacrements, dans l’Eucharistie, fait que Jésus rentre en nous, et nous rentrons en lui. Nous vivons dans une communion profonde qui vient nous donner la force de changer ; car nous sommes assimilés au Christ, configurés en Lui, pour être vainqueurs du péché, du Mal, et d’être porteurs, vecteurs de vie pour les autres.

Nous ne nous apportons pas nous- mêmes ! Nous apportons le Christ qui nous transfigure et nous sommes appelés à être des instruments de grâce pour nos frères et sœurs, et pas des empêcheurs de « tourner en rond » !

Nous sommes là pour aider les autres à vivre en liberté, en liberté profonde. Cette liberté doit d’abord consister dans notre propre conversion, notre propre changement de vie. Je ne peux pas demander aux autres ce que je ne vis pas moi-même ! Nous sommes appelés durant ce carême, vraiment à nous laisser saisir par le Seigneur.

Jésus ne force personne ; à travers tout l’Évangile Jésus nous dit : « Veux-tu ? ». Jésus est poli. Il est doux et humble de cœur ; Jésus s’adresse à nous : « Veux-tu ? »

Il attend pour cela notre consentement afin de l’accueillir dans notre vie, et d’être vraiment des hommes et des femmes nouveaux qui changent le quotidien de la vie, qui vivent une vie nouvelle, non pas d’une manière extraordinaire, extérieure, mais tout d’abord dans notre relation à Dieu ; et peu à peu par capillarité, notre vie va changer et la vie des autres aussi.

Alors, demandons dans cette Eucharistie, d’être des accueillants de Jésus : ce mendiant qui vient frapper à notre porte, cet étranger… c’est Jésus lui-même, celui qui a faim et qui a soif, qui veut être accueilli.

Quand Jésus dit sur la croix : « J’ai soif ! »… c’est pas simplement une soif physique, un manque d’eau, c’est la soif du Salut qu’il veut répandre ; ce brasier qui est dans son âme ; ce feu qu’il est venu allumer et qui était déjà signifié par le buisson ardent.

Désaltérons la soif de Jésus en l’accueillant dans notre vie et en lui disant qu’on l’aime non seulement par nos paroles mais par toute notre vie.

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