Homélie du dimanche 21 novembre 2021 – Solennité Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers – Année B

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

Par le Frère Jean

 

« Ma royauté n’est pas de ce monde »

Chers frères et sœurs, dans cette brève réponse de Jésus à Pilate, à l’heure de sa passion, tout est contenu.

« Ma royauté n’est pas celle des roitelets de Juda qui se succèdent au fil des intrigues de palais ; elle n’est pas non plus semblable à celle des grands de ce monde : Nabuchodonosor à Babylone, Alexandre le Grand à Alexandrie, ou bien Tibère à Rome ». La royauté de Jésus, comme dirait Pascal, est d’un autre ordre : de l’ordre de la souveraineté, de la seigneurie, qui se manifeste dans l’abaissement.

Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir.

La royauté du Christ, c’est d’abord quelqu’un : sa Personne ;  là où est le Christ, dit St Ambroise, là est le Royaume ! 

Par conséquent, chercher le Royaume, c’est chercher le Christ ! Aimer le Royaume, c’est aimer le Christ ! On ne peut pas parler du Royaume des cieux… on ne peut qu’y entrer.

Celui qui entre par la porte est le berger des brebis, dit Jésus, en vérité je vous le dis, je suis la porte des brebis : cela Pilate ne pouvait pas le comprendre. Pour comprendre cette Parole, il faut nous rappeler que Jésus a conscience d’être personnellement cette vérité venue dans le monde. Je suis la porte, dit-il ; mais aussi, je suis la vérité.

Le Royaume de Jésus n’était compris par Pilate qu’en un sens politique, c’est-à-dire, comme un danger pour son pouvoir, comme un rival. Or, Jésus ne se positionne jamais du côté du pouvoir. Son pouvoir, il le tient de son titre de : « Envoyé du Père », il l’a totalement remis entre les mains de son Père. Il n’a pas renoncé à son pouvoir sur le monde, il s’en est dessaisi ; ce qui est autre chose. Et ce dessaisissement de Jésus (de son pouvoir) est bien signifié au soir du Jeudi Saint : lorsque Jésus se lève de table, il dépose son manteau et prend un linge dont il se ceint. Lorsqu’il eut achevé de laver les pieds de ses apôtres, Jésus prit son manteau, il se remit à table et il leur dit : comprenez-vous ce que je vous ai fait ?

Il a quitté son manteau comme il a quitté son pouvoir ; il a remis son manteau comme il a repris possession de son pouvoir.

Je ne sais pas si encore aujourd’hui, on a vraiment compris, nous aussi, ce qu’il a fait… sa royauté n’est pas de ce monde mais elle est pour le monde à venir. Jésus a renoncé à l’exercer en ce monde, mais non pas dans le monde à venir qu’il anticipe déjà ici-bas, mais d’une autre manière que les puissants de ce monde, en se faisant le Serviteur de tous. Pour Jésus, régner c’est servir !

 

Cette royauté, Jésus la détient pleinement depuis son exaltation à la droite du Père. Mais elle ne s’exercera pleinement parmi les hommes qu’à la fin des Temps, lors de sa parousie, c’est-à-dire de son avènement glorieux parmi nous.

Paul nous dit qu’alors, aura lieu, à l’heure de la parousie, la résurrection d’entre les morts de ceux qui seront au Christ lors de son avènement mais après la parousie aura lieu le jugement dernier, et Paul dit : ce sera alors la fin !

Dieu nous jugera sur la base, non de nos convictions mais de nos actions. Ainsi, celui qui aura servi son prochain avec sincérité, avec esprit de gratuité, aura par là-même, servi Dieu… même s’il ne le connait pas !

L’image du jugement final est en premier lieu, non pas une image terrifiante mais une image remplie d’espérance ; c’est une image, cependant, qui appelle à la responsabilité de chacun des hommes, non à l’attente passive d’un évènement à venir.

Le jugement de Dieu est espérance parce qu’il est justice, et parce qu’il est aussi une grâce que Dieu nous fait. Dans le Credo que nous allons proclamer dans un instant, nous disons : Je crois à la vie du monde à venir ; est-ce que non seulement nous le croyons ? Mais est-ce que nous le désirons ? Est-ce que nous désirons vraiment qu’advienne parmi nous le Royaume de Dieu ? Qui est, comme le chantera la Préface de la Messe dans un instant : un règne de vie et de vérité, un règne de grâce et de sainteté, un règne de justice, d’amour et de paix.

Est-ce que nous croyons vraiment, est-ce que nous désirons la venue du Christ dans la gloire ? Il est venu lors de son premier avènement quand il a vécu trente-trois ans en Palestine, il reviendra dans la gloire à la fin des Temps, lors de son second avènement que nous appelons « la parousie ».

Le Royaume de Dieu dont nous espérons la venue en ce monde, qu’est-il précisément ?

Nous ne pouvons répondre, frères et sœurs, qu’à la lumière des Saintes Écritures, de la Parole de Dieu et de ce qu’en dit la Tradition de l’Église.

Ce Royaume s’institue d’abord et avant tout à travers la Croix.

Si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; si au contraire il meurt, il porte du fruit en abondance.

Cela est bien signifié par l’expression « Fils de l’homme » que Jésus a aimé employer, qu’il s’est attribué dans les Évangiles. Cette expression de « Fils de l’homme » dit sa mission d’Envoyé du Père ; et ce qui est un fait absolument nouveau – que l’Ancien Testament n’avait jamais fait – Jésus rapproche ce titre de « Fils de l’homme », du « Serviteur souffrant » : « Fils de l’homme » comme dans le Livre de Daniel dont nous avons entendu un extrait dans la Première Lecture, Fils de l’homme qui vient dans la gloire et dans la puissance ; et en même temps, le Serviteur souffrant qui s’abaisse jusqu’au dernier des esclaves, qui meurt sur la Croix et qui ressuscite le troisième jour ; il est les deux à la fois et ensemble : le Fils de l’homme et le Serviteur souffrant.

Une autre caractéristique de la royauté du Christ est qu’elle est universelle. Et ceci parce qu’elle n’est pas fondée sur un pouvoir politique mais uniquement sur la libre adhésion de l’amour. Nul ne peut forcer quelqu’un à adhérer au Christ, à sa Personne, mais tous les hommes sont invités à le connaitre et à accueillir son amour et sa miséricorde.

Il nous faut toujours apprendre l’universalité, la catholicité de l’Église, car nul ne peut prendre pour l’absolu, soi-même, sa culture, son temps présent, son monde ; être catholique implique de renoncer à une part de ce qui nous est propre, à élargir nos frontières.

L’universalité de l’Église et la Croix vont toujours ensemble et cela est facteur de paix !

Jésus nous en a avertis : celui qui aime sa vie la perd et celui qui la perd, la gagne.

La vie, la mort, la résurrection de Jésus, sont pour nous la garantie que nous pouvons véritablement faire confiance à Dieu ; c’est ainsi que se réalise son Royaume ; faire confiance à Dieu comme Marie dont nous faisons aujourd’hui mémoire de sa Présentation au Temple.

Demandons au Seigneur de faire grandir en nous le désir de connaitre son Royaume, et de le connaitre par l’amour. D’en vivre dès ici-bas dans le clair-obscur de la foi, afin de le partager à l’heure de notre mort, avec tous les hommes de bonne volonté qui d’une façon ou d’une autre, auront répondu à son appel.

Amen !

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