Homélie du dimanche 22 août 2021 – 21ème Semaine du Temps Ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs, au cours de notre histoire, Dieu nous appelle à faire la vérité sur nous-même à des moments critiques de l’existence. Nous avons à franchir des seuils marquant l’état de notre conscience devant les hommes, mais aussi plus encore devant Dieu.

Avant de franchir ces étapes, traversés par la grâce, nous nous trouvons bien souvent incapables de savoir où nous en sommes dans notre marche vers Dieu. Mais heureusement, le Christ nous connait, il nous connait mieux que nous-même. Il cherche toujours notre progrès spirituel ! Aussi ne redoute-t-il pas de nous éprouver à certains moments dans notre fond intime.

Depuis plusieurs dimanches, nous entendons Jésus se proposer à ceux qui le suivent comme le vrai pain venu du ciel. Or, cet enseignement heurte ses auditeurs jusqu’au petit groupe de ses disciples, lorsqu’il vient à préciser qu’ils devront manger sa chair et boire son sang pour obtenir la vie éternelle promise. Jésus ne cherche pas à réduire le choc de ses paroles ; au contraire, il semble renchérir en indiquant la nécessité de l’accomplissement de ce geste, à la manière d’un rituel qu’il ne dévoile pas encore. L’erreur des disciples est d’en rester à la première partie de sa proclamation solennelle qui en coupe le sens dernier, à cause de sa littéralité grossière et de la vraisemblance qui en découle. Pourtant, Jésus insiste une seconde fois, en leur exposant ouvertement le dévoilement de l’eschatologie de son mystère médiateur de Fils de l’homme. « Quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant !… »

Jésus révèle ici son exaltation future dans la gloire, qui devrait écarter le scandale issu de ses paroles, mais qui va au contraire le renforcer : car pour bien entendre cette annonce future, il conviendrait de connaitre, ou de deviner, le mystère de la Croix comme manifestation de la gloire du Père.

Cette bonté du Christ est liée en effet, à celle qu’entendra Marie-Madeleine, lors de l’apparition du Ressuscité à l’aube du Dimanche de Pâques. Seuls ceux qui contempleront dans la foi, cette exaltation de Jésus vers le Père, pourront le comprendre, car c’est à travers le Mystère pascal que le Christ donnera la vie éternelle aux croyants.

Le retour du Christ à son lieu originel éternel, l’investira alors de la toute-puissance de l’Esprit Saint. Il sera désormais en sa chair, transfiguré et glorifié, et il sera pour les croyants, la source de vie éternelle. Aussi, il peut déclarer déjà : « C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. »

C’est pourquoi il peut conclure avec autorité : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. »

Oui, seul l’Esprit peut donner l’intelligence spirituelle. St Paul le retiendra spécialement dans sa Lettre aux Corinthiens ; c’est l’Esprit qui vivifie les paroles, et les éclaire, pour saisir le sens de l’eucharistie chrétienne.

Par l’agencement de ces paroles de Jésus, Jean nous indique qu’on ne reçoit réellement la vie donnée par le Christ, que si l’on perçoit qu’il est lui-même le Seigneur glorifié après sa résurrection.

Nous comprenons qu’il est important, et même vital, qu’une crise se déclare dans nos pensées, et que le malentendu qui couve sous la cendre éclate au grand jour ; de sorte que chacun se trouve acculé à reconnaitre en son propre fond, ce qu’il a compris ou non.

Jésus ne cherche à retenir personne ! Il ne force la liberté de quiconque, même parmi ses plus proches. C’est par une parole royale qu’il les renvoie à leur propre vérité. Il leur rend en quelque sorte leur liberté : « Voulez-vous partir vous-aussi ? »

Devant l’apparente absurdité de sa chair à manger, et de son sang à boire… plus rien ne les retient vraiment à lui… sinon, l’impossible et libre amour qui pourrait ressurgir dans une telle liberté qui donne le vertige !

St Pierre, précisément, va produire un redressement, car la dernière parole de Jésus… « Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père »… lui rappelle sa confession de foi de Césarée. Cette simulation interrogative « Voulez-vous partir vous aussi ? » permet à Pierre de se ressaisir, et de reconnaitre l’amour de son maitre qui le travaille depuis qu’il a tout quitté pour le suivre. Au cœur de cette crise, il n’y a qu’une issue : avoir foi en la parole du Seigneur qui le dépasse.

Il suffit de croire et d’aimer ; et de se décider, finalement, à faire un choix décisif.

« Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de vie éternelle…Seigneur, nous croyons et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »

Cette crise d’ordre rationnel a opéré en l’apôtre Pierre une distinction – on peut l’appeler aussi un discernement – en ce que Jésus appelle : la chair et l’esprit. Désormais, Pierre les distingue sans les confondre.

L’homme par lui-même est incapable de gouter les choses de Dieu dira St Paul.

Les paroles de Jésus illuminées par la foi en l’Esprit qui nous habite, rend possible une certaine connaissance du Mystère de Dieu, de son Évangile, et de son Église.

Qu’il en soit ainsi, aussi, pour nous. Amen !

Historique de nos Homélies