Homélie du dimanche 23 Décembre 2018
4ème dimanche du temps de l’Avent – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Ce 4ème dimanche de l’Avent nous fait méditer sur la première partie du récit de la Visitation de Marie à sa cousine Élisabeth, deuxième Mystère du Rosaire.
L’Église fête ce Mystère le 31 mai, entre les fêtes de l’Annonciation et de la naissance de St Jean-Baptiste. Aujourd’hui, cette célébration se situe dans les derniers jours de l’Avent et nous nous retrouvons donc de plain-pied avec le Mystère de la Nativité prochaine de notre Seigneur.
Marie s’est donc mise en route rapidement, nous dit St Luc ; et chez lui la route est un lieu important dans la révélation. Nous le retrouverons plusieurs fois au cours de l’évangile.
Sachant qu’elle va être la mère du Sauveur, Marie est joyeuse. Elle éprouve le besoin de visiter sa vieille cousine, elle aussi enceinte d’après l’annonce de Gabriel qui l’assura de répondre ‘oui’ à l’ange. Celle qu’on appelait ‘stérile’ a été visitée par Dieu. Marie veut partager cette joie. L’échanger dans une profonde communion d’action de grâce à Dieu. Or au moment de cette rencontre, Dieu lui-même vient ! Vient l’envelopper d’une bénédiction nouvelle sous le signe du tressaillement de joie de Jean-Baptiste dans le sein de sa mère. Véritable épiphanie de la présence active de Dieu qui purifie et consacre l’enfant, en vue de sa mission future de précurseur du roi Messie qui vient sauver Israël.
Rencontre de joie extraordinaire où le Saint Esprit lui-même intervient de façon prophétique, confirmant par-là la beauté de la ratification de leur foi respective. Toutes les deux ont cru en la Parole de Dieu ! « Rien n’est impossible à Dieu ! »
Le débordement de joie des deux cousines manifeste leur témoignage de foi. Elles confessent la surréalité de la foi qui pénètre à l’intime de l’existence des hommes. Ici on est loin de la foi de certains chrétiens qui conçoivent la foi comme une adhésion à des dogmes, qui font plutôt une morale qu’une mystique. Foi qu’on raisonne plutôt qu’on ne la chante.
Il y a ici comme une explosion de foi qui s’exprime en explosion de joie ! Leur joie est immense parce qu’elles se reconnaissent dans ce Dieu qui vient à elles si humblement. Toutes les deux éprouvent le besoin de ‘se dire’ pour croire encore davantage dans ce mystère inouï de l’avènement de Dieu dans l’histoire.
Lors de cette rencontre inattendue, Élisabeth et Marie ont pressenti que la destinée de leur enfant respectif serait liée dans le déroulement futur du dessein du Salut. Cette bonne nouvelle sera présentée à tous les hommes de bonne volonté. Et c’est encore sous l’impulsion de l’Esprit qu’Élisabeth va reprendre et poursuivre la salutation de l’ange Gabriel à Marie, en s’écriant d’une voix forte :
« Tu es bénie plus que toutes les autres femmes car le fruit de ton sein est béni entre tous ! »
Déclaration prophétique que nous faisons nôtre, désormais, chaque fois que nous la réitérons dans la récitation de la prière de Marie, prière que la tradition nous a transmise et développé au moyen-âge.
Les exégètes ont noté que St Luc, dans la course de la Vierge vers sa cousine, avait repris à sa manière le récit du retour triomphal de l’Arche d’Alliance à Jérusalem, qui avait été demandé par le roi David. L’Arche témoigne du contrat d’Alliance de Dieu établi avec son peuple. La Vierge Marie enceinte est cette nouvelle Arche d’Alliance, conclue désormais entre Dieu lui-même et l’humanité entière.
Elle porte en elle le fils de David qui est aussi son Seigneur. Marie représente donc la reine des hommes, devenue par sa foi l’épouse de Dieu ! L’exclamation charismatique d’Élisabeth résonne à jamais dans l’Église priante, et c’est le grand remerciement des croyants chrétiens envers Marie qui a permis ce jaillissement nouveau de la grâce, proprement divine sur l’humanité.
Le cordon ombilical de la créature au créateur est, par elle, restauré, et mieux même : dilaté ! Puisqu’un engendrement spirituel tout à fait nouveau s’est instauré.
Puissions-nous, nous aussi, être heureux de notre foi et de la manifester autour de nous, et dire devant tous ce qu’est vraiment la Joie de Noël.