Homélie du dimanche 24 avril 2022 – 2ème Dimanche de Pâques ou de la Divine Miséricorde – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs, en cette octave de Pâque, l’Église nous invite à approfondir l’évènement novateur de notre foi : la Résurrection de Jésus Christ d’entre les morts.
Évènement absolument unique qui s’impose dans notre histoire et en modifie à tout jamais le sens, mais plus encore nous ouvre à un saut qualitatif inespéré de notre destinée : celui d’avoir la possibilité de participer au Royaume des cieux. L’homme incapable de se sauver par lui-même peut désormais recevoir, s’il le veut, le Salut de Dieu et le statut inattendu au sens fort, d’enfants de Dieu.
Frères et sœurs, c’est dans le mystère pascal salvifique que nous sommes tous baptisés, en sorte que nous sommes tous purifiés, justifiés, et mieux encore, sanctifiés divinement…Quelle profusion de dons ne sommes-nous pas bénéficiaire de la part de la miséricorde de Dieu qui apparait sans limite à notre égard. C’est peut-être pour nous aussi en notre temps, un grand défi que de susciter ce désir de Salut, parmi les hommes et les femmes de notre monde englué dans le sensible et l’efficience, au point de contrecarrer ses repères spirituels promoteurs de valeurs de transcendances.
Pour mieux saisir cette proposition merveilleuse de cette foi en la Résurrection, nous nous retrouvons aujourd’hui avec les apôtres réunis dans un lieu verrouillé, par peur des Juifs comme il est précisé, sans doute au cénacle. Deux récits presque semblables qui se succèdent à huit jours d’intervalle, pour recevoir cette Paix que Dieu seul peut apporter dans notre monde si souvent belliqueux. Cette Paix, le Christ l’a acquise non par un bras armé, vengeur ; mais au prix de son sang versé, offert et agréé, par le moyen de son sacrifice.
C’est pourquoi, IL ne craint pas de montrer son corps advenu à une vie nouvelle, toute spiritualisée, qui garde cependant les marques de ses plaies précieuses désormais médiatrices de toutes grâces. « La Paix soit avec vous », telle est bien la première parole de miséricorde que le Christ adresse en toute gratuité à ses disciples, et cela avec une assurance rayonnante pleine de vérité et d’amour.
A la peur, au désappointement, et au doute même, des disciples, se substitue alors la joie, une joie confiante que personne ne pourra leur enlever. À partir de ce jour primordial, extraordinaire de la Résurrection, nous sommes au seuil des Temps nouveaux que l’Écriture nomme aussi : les derniers Temps. C’est l’ère du clivage pratique et mystique des croyants fidèles, à travers la réception des sacrements, et l’exercice persévérant de la prière ; c’est le passage laborieux, continuel, du monde ancien au monde nouveau, dans le mystère du corps du Christ grâce à l’avènement du Saint-Esprit. On comprend alors pourquoi Jésus souffle sur les disciples, afin que survienne en leur cœur cette présence pacifiante et réconfortante du Saint Esprit.
Ce Souffle de force spirituelle donnera aussi aux apôtres, en rapport avec leur fonction pastorale spécifique, selon les paroles même de Jésus, le pouvoir de remettre les péchés, c’est-à-dire d’exercer ici-bas constamment la mise en acte de la puissance du pardon divin.
Pourtant, ce que l’Église parait souligner davantage cette année C, avec la deuxième lecture de l’Apocalypse, ce n’est pas tant cet aspect de transmission spirituelle ou charismatique aux disciples, que le dévoilement en amont de ce qui préside au pouvoir dominateur du Christ sur la mort, avec sa majesté sacerdotale.
Il est ainsi présenté magnifiquement par saint Jean : « au milieu des sept chandeliers d’or, je le vis comme un fils d’homme vêtu d’une longue tunique avec une ceinture d’or…aussi je tombais comme mort à ses pieds »… on pourrait ajouter en ce dimanche… comme l’apôtre Thomas.
Le Christ semble se présenter aujourd’hui comme le grand vainqueur de la mort, le triomphateur de tout mal et de tous péchés, pour manifester la toute-puissance de la divine Miséricorde. Le Christ veut ainsi se faire reconnaitre encore, comme le révèle Ste Faustine, dans l’Église comme Fils de Dieu, et vivant dans sa fonction même de condescendance envers l’humanité, dans l’exercice de sa Miséricorde auprès des fidèles et des pécheurs.
Qu’IL en soit glorifié ! Amen !