Chers frères et sœurs
Ce 4ème dimanche tombe cette année le jour de la veille de Noël, ce qui permet d’entrer déjà de plain-pied dans le grand évènement du mystère de l’Incarnation.
Nous y entrons très naturellement (cette année B) par la narration de l’évangile de St Luc : celle, merveilleuse, de l’Annonciation où la Vierge Marie, surprise dans son attente silencieuse et sa prière, est toute bouleversée de la faveur qui lui est faite, avec l’apparition, et surtout le message ahurissant de l’ange.
La Bienheureuse Vierge reste abasourdie de cette communication. Alors elle s’oblige à prendre un temps de recul après une légitime interrogation, poursuivie (d’après Saint Bernard) d’un long et inquiétant silence ; la Vierge, en effet, acceptera-t-elle l’invitation de donner son assentiment, s’abandonnera-t-elle alors dans la pure foi, pour devenir mère à l’encontre de son intention première : son vœu d’être toute à Dieu ? Pour sûr cette intervention céleste est la volonté de Dieu, Marie ne peut pas refuser ce qui au premier abord parait contrecarrer la volonté de Dieu : devenir Mère de ce Messie encore inconnu quoique très attendu ! Elle n’y avait sans doute pas pensé ou peut-être l’avait-elle même repoussé, du fait d’une approche encore possiblement trop charnelle ?
La Vierge qui avait été instruite au Temple, connaissait bien les Écritures, elle avait dû scruter particulièrement celles qui concernaient le Messie, ce Messie dont elle désirait plus que quiconque la venue. La grande prophétie faite par Nathan au vieux roi David était l’une des plus connues dans cette tradition messianique, comment Marie aurait-elle pu l’ignorer ? On comprend que cette référence scripturaire, dut rassurer la jeune vierge pour une intelligence première de sa mission, et cela avant même son chaste mariage convenu avec Joseph, qui était issue de la lignée de David. De toute façon la Vierge sainte bannissait tout exercice de son imagination et s’en remettait entièrement à la fidélité du Dieu de l’Alliance de ses pères.
L’avènement du Messie, et par suite, l’évènement secret de la divine Incarnation, par le biais de l’analogie de cette prophétie, se trouve donc présenté sous l’aspect de l’intériorité humaine, de l’habitation visible (mais aussi pour nous : invisible) de Dieu parmi les hommes. L’ange Gabriel reprend les paroles mêmes du prophète qui dit explicitement : « le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père » … « Sa maison et sa royauté » subsisteront toujours devant Moi ! ». Cet extrait du 2ème livre de Samuel, de la 1ère lecture de ce 4ème dimanche de l’Avent, montre que Dieu désire régner, certes d’abord sur Israël son petit peuple élu, mais également plus tard par extension de son propre mystère, sur l’humanité entière ; puisque Dieu ne saurait être injuste à l’égard des autres hommes touchés pareillement de cette invisible lèpre qu’est le péché, et désireux pour la plupart d’en être libéré.
Le péché : cette rupture contractée dès la Genèse, puis par la collusion plus ou moins consciente tout au long des générations, avec l’ange menteur, mauvais et jaloux.
Dieu comme un médecin, docteur avisé, promet ainsi selon les dires multiples et variés des prophètes, de reprendre en main cette humanité délaissée, et comme un bon Pasteur, de la ramener à Lui par des liens d’amour.
St. Paul appelle ce divin projet secret de Salut : « le grand mystère resté caché dans le silence », désormais depuis l’Annonciation, manifesté pour être porté à la connaissance de toutes les nations, afin d’amener tous les hommes, du moins ceux qui le souhaitent, à l’obéissance de la foi.
Oui merci, Ô Bienheureuse Vierge Marie d’avoir dit ce Fiat libérateur qui, après ta prudente hésitation, illumine dorénavant nos ténèbres, car nous sommes toujours et encore sous le régime terrestre de la pénombre !
Par ton Fiat, Dieu va en effet s’attribuer à Lui-même le remède très amer de cette blessure mortelle initiale, en prenant notre chair abîmée pour la fixer à la Croix jusqu’à la fin des temps par la grâce salvatrice de son mystère pascal.
Oui, c’est bien la Vierge Marie, qui, par l’Église pour chacun de nous, en ce jour, nous est donnée en exemple. Elle nous incite maintenant à savoir répondre au grand désir divin, pour la réalisation de son Dessein de bienveillance, et la glorification de son Nom très Saint. Amen !