Homélie du dimanche 24 Mars 2019

3ème dimanche de Carême – Année C

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs, par deux fois dans ce bref passage de l’Évangile, Jésus déclare solennellement :

« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de la même manière » : c’est-à-dire « vous périrez brutalement sans vous être préparés à retourner vers Dieu ».

Voilà un avertissement que nous supportons mal, comme d’ailleurs d’autres mots autour… comme le repentir, la pénitence… n’est-ce pas pourtant les mots clés de la démarche spirituelle du Carême à laquelle l’Église nous invite, non seulement à méditer, mais à pratiquer pendant ce temps de grâce qui nous appelle à la conversion.

Attention cependant à bien entendre : par nos efforts, nous ne pouvons par nous-mêmes nous sauver ! Ce serait, ce que l’on a appelé dans l’antiquité, à la manière de Pélage ! Si nous retournons de tout nous-même vers Dieu, c’est que nous voulons nous remettre totalement à lui, à sa puissance et sa miséricorde divine. La liturgie de la Parole de ce troisième dimanche vient nous aider pour mieux pratiquer ce mouvement de conversion intérieure, que le Seigneur nous demande d’acquérir durant ce cheminement vers Pâques.

La première lecture, celle de l’Exode, nous montre qu’il nous faut d’abord nous ouvrir au mystère de Dieu.

Nous avons, comme Moïse, besoin de nous placer dans la solitude, dans le recueillement, sinon même dans la prière, la supplication, afin que Dieu vienne à notre rencontre. Nous avons à désirer d’entrer en dialogue avec Dieu, à travers des signes, des circonstances providentielles, que nous rencontrons. Croyons-nous vraiment que le Dieu d’Abraham, de Jacob, de Moïse, de David, veuille nous rencontrer personnellement ? Qu’il souhaite révéler son Nom à notre cœur ? Qu’il souhaite qu’on l’entende murmurer « Je suis celui qui est »Celui qui te fait exister ; celui qui vient te délivrer des mains des oppresseurs.

Pour se convertir, il est nécessaire de découvrir Dieu comme un besoin, en son intimité, en toute sa plénitude, découvrir qu’il est ineffable, au-delà de tout ! Au-delà de ce que nous pouvons imaginer… mais cependant, qu’il est plus proche de chacun d’entre nous.

Il est ce « Je suis » dont Augustin, au plus intime, disait : « Il était plus intime que moi-même ». « Je suis » veut dire, au sens le plus fort du mot : être la Personne qui repose dans l’existence, avec une assurance absolue.

Oui, « Je suis celui qui suis » nous découvre le mystère transcendant et immanent de Dieu au cœur de la vie des hommes. Cela n’empêche pas de le voir également dans l’histoire comme le Dieu de la bible, celui de la loi et des prophètes, le Dieu de leur accomplissement, c’est-à-dire, le Dieu de Jésus-Christ. Ce Nom même que Jésus aura l’audace de reprendre face à la contestation des Pharisiens dans les parvis du Temple… « Avant même qu’Abraham fut, Je suis »… et plus loin encore : « Quand vous m’aurez élevé de terre, vous saurez que Je suis ».

Oui, « Je suis » est celui qui se dévoile sur la croix comme le Fils du Dieu très Saint. Le Fils incarné qui se livre pour sauver les hommes, celui qui se donne jusqu’à l’extrême…et maintenant, sacramentellement, en nourriture et en boisson, à ses fidèles, pourtant encore pécheurs.

Il est celui qui veut nous communiquer son Esprit-Saint pour nous transformer, par sa grâce, en véritable enfant de Dieu.

Dans la seconde lecture, au Chapitre Xème de la lettre aux Corinthiens, st Paul met en valeur la méthode de la méditation scripturaire chrétienne, que le Seigneur lui-même a enseigné aux pèlerins d’Emmaüs, et qu’on appelle traditionnellement ‘la typologie’. Elle consiste à montrer qu’un grand nombre de réalités ou d’évènements de l’Ancienne Alliance, trouve dans la Nouvelle Alliance, leur accomplissement. On pourrait dire encore : la religion des patriarches et des prophètes s’adresse encore aux chrétiens maintenant, nous permettant d’approfondir la connaissance du dessein salvifique de Dieu sur le monde, et également de nous initier au Mystère du Christ auquel nous participons depuis le baptême.

St Paul nous rappelle de façon précise, en ce dimanche, que l’histoire du cheminement dans le désert du petit peuple de Dieu a été consigné pour nous servir d’exemple, pour nous empêcher de faire le mal, de nous laisser prendre par les convoitises du monde, et finalement de récriminer intérieurement contre Dieu, comme beaucoup d’entre eux l’ont fait et ont été exterminés.

St Paul de conclure : « Ainsi donc, que celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber. »… Allusion, peut-être, à la sixième demande du « Notre Père », désormais traduite « Ne nous laisse pas entrer en tentation ».

Tous les avertissements de l’Ancienne Alliance et de la Nouvelle veulent nous inquiéter car le Royaume de Dieu est désormais très proche. Cependant notre Seigneur éprouve le besoin de compléter ses avertissements par la « parabole du figuier qui ne donne pas de fruits depuis trois ans » et dont le vigneron supplie le maitre avec insistance pour obtenir un délai d’un an, afin qu’ayant bécher le sol autour de lui et lui mettre du fumier, il puisse donner du fruit à l’avenir.

Ainsi Dieu ne nous abandonne pas ! Au contraire, il est patient ! Il nous aide à nous convertir ! Il cherche de toutes manières à favoriser notre retour vers le Père.

À nous revient alors de nous appuyer sur lui, d’une manière inébranlable sans relâche, de faire confiance à sa grâce, de persévérer dans la prière assidument, et, dans l’espérance de lui laisser faire le reste.

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