Homélie du Dimanche 24 Novembre 2019

Notre Seigneur Jésus Christ Roi de l’Univers – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Cher frères et sœurs, la Royauté du Christ est au cœur de la liturgie de cette solennité. Ne nous méprenons pas sur le sens de cette Royauté : elle est Royauté du Christ, à qui le Père a tout remis en son pouvoir. Cette Royauté transcende toute Royauté en ce monde.

Cette Royauté du Christ – ou ce Règne du Christ, les deux expressions sont équivalentes – a deux caractéristiques : elle s’institue à travers la Croix : « En vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui tombe en terre ne meurt pas, il reste seul ; s’il meurt il porte beaucoup de fruit ».

Autre trait : cette Royauté est universelle parce qu’elle n’est pas fondée sur un pouvoir politique mais uniquement sur la libre adhésion de l’Amour. Il nous faut toujours, en effet, réapprendre l’universalité, la catholicité de l’Église. Personne, oui, personne ne peut prendre pour absolu, soi-même, sa propre culture, son époque, son monde, sa nation ; il nous faut renoncer à une part de nous-même pour être vraiment catholique. C’est pourquoi, l’universalité et la Croix vont ensemble, et c’est ainsi que grandissent dans le monde la paix et l’unité.

« Celui qui aime sa vie, la perd » dit Jésus.

La vie, la mort, la résurrection de Jésus, sont pour nous la garantie que nous pouvons véritablement nous fier à Dieu. Et c’est de cette façon que le Royaume se réalise.

Oui, renoncer à un Christ triomphant n’est pas évident pour nous. Le Cardinal Tomasek, au Synode des évêques en 1985, Archevêque de Prague, déclarait : « Nous devons travailler pour le Royaume de Dieu, ce qui est beaucoup ; prier pour le Royaume, ce qui est mieux ; souffrir avec le Christ crucifié pour le Royaume de Dieu, ce qui est tout ! »

Le Royaume de Dieu ne désigne pas en premier lieu un royaume. Cette expression signifie la Seigneurie du Christ, sa Souveraineté, la manifestation de sa Gloire dans tout l’univers. L’annonce du Royaume de Dieu par Jean-Baptiste, puis par Jésus, est tout à fait nouvelle. De quelle nouveauté s’agit-il ? De ce que Dieu, avec l’avènement du Royaume de Jésus, Dieu agit maintenant, aujourd’hui ! Et il se révèle dans l’histoire comme son Seigneur, lui-même, comme le Dieu vivant ; ce qui dépasse tout ce qu’on avait entendu jusque-là.

« Aujourd’hui ! » ; « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis ! »

Avec Jésus, frères et sœurs, le Royaume, désormais, est proche. St Ambroise écrit :

« Où est le Christ, là est le Royaume ! ».

Origène, avant lui, a appelé Jésus « l’autobasileia », c’est-à-dire : « le Royaume de Dieu en Personne ». Le Royaume, c’est une Personne ; c’est Lui, Jésus ! Si bien que l’expression « Royaume de Dieu » serait une christologie voilée.

Oui, avec Jésus, le Royaume, désormais, est tout proche. Par sa Présence et par son action, Dieu est entré dans l’histoire, d’une manière tout à fait nouvelle, ici et maintenant, comme Celui qui agit.

Son Règne n’est pas un au-delà imaginaire placé dans un avenir qui ne se réalise jamais en ce monde. Son Règne est présent là où il est aimé, et où son Amour nous rejoint. Si bien, que nous pouvons dire que son Royaume est vraiment à l’œuvre et se manifeste dans l’Église. Entre le Royaume et l’Église existe un rapport de plus ou moins grande proximité.

Pour employer une image biblique : on peut dire que l’Église est au Royaume ce que la Fiancée est aux Noces ; car l’Église est à la fois la Mère dont nous recevons tout, et le Corps vivant inachevé que nous construisons par nos actes et par notre adhésion de foi au Christ.

L’Église est à la fois la Mère vénérée qui veille sur ses enfants et la Fiancée qui se prépare avec joie à ses Noces.

« L’Église, disait le Patriarche Athénagoras, n’est pas le Royaume de Dieu mais le sacrement du Royaume. »

En dehors d’une vision sacramentelle de l’Église, le risque est grand de considérer Celle-ci comme une institution uniquement opérationnelle au service d’une stratégie qui ne serait qu’humaine. Le Royaume de Dieu, tel que nous le connaissons, ne peut être séparé ni du Christ, ni de l’Église. Certes, l’Église n’est pas à elle-même sa propre fin mais Elle est toute ordonnée au Royaume de Dieu dont Elle est le germe, le signe et l’instrument. Bien que distincte du Christ et du Royaume, l’Église est unie indissolublement à l’un et à l’autre.

« Le Bon Larron » a été introduit aujourd’hui dans le Royaume. Nous sommes, frères et sœurs, par notre baptême, participants de cet « aujourd’hui » du Royaume.

Il est déjà là ; Il est parmi nous ; Il est proche de nous ; Il est en nous.

Comme le chantera magnifiquement la Préface dans un instant : « Règne sans limite et sans fin ; Règne de vie et de vérité ; Règne de grâce et de sainteté ; Règne de justice, d’Amour et de paix. »

Oui, laissons-nous saisir par la souveraineté du Christ, à qui soient rendus tout honneur et toute Gloire pour les siècles des siècles,

Amen !

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