Homélie du dimanche 25 octobre 2020 – 29ème Semaine du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés,

En ce jour du Seigneur, la Parole de Dieu vient nous recentrer, nous réorienter vers ce qui est l’essentiel de notre vie, à savoir : l’Amour.

À la question du docteur de la loi, Jésus répond en citant les deux premières Paroles données par Dieu à Moïse, les deux premiers commandements :

« Aimer le Seigneur son Dieu, de tout son cœur, de toute sa force, son intelligence, de tout son être ; et aimer le prochain comme soi-même »

De ces deux commandements, qui embrasent la verticalité et l’horizontalité de notre vie, correspond tous les aspects de notre existence terrestre avec ses différentes particularités.

Aimer !

C’est bien ce que nous dit l’apôtre Jean dans sa première Lettre : « Dieu est Amour ».

Frères et sœurs, la révélation nous dévoile non-seulement que Dieu existe, ce qui est déjà accessible à l’intelligence humaine sans la foi, mais l’intelligence humaine peut découvrir l’existence d’un être premier que les traditions religieuses appellent « Dieu » sans avoir la foi.

Le contraire s’appelle une erreur, une hérésie, qui s’appelle le « fidéisme » et qui a été montré avec clarté au Concile Vatican I et repris au Concile Vatican II dans la constitution Dei Verbum.

La révélation, donc, nous montre que, non seulement, Dieu existe mais aussi qu’Il est Amour. Dieu se révèle. Il se révèle ainsi.

Il dévoile la profondeur de son être, ce qu’Il est : Dieu unique en trois Personnes. Trois Personnes divines. Seul, la révélation peut nous le faire connaitre ! L’intelligence humaine ne peut pas rentrer dans ce Mystère de Dieu.

Oui, Dieu unique en trois Personnes, ces trois Personnes divines qui vivent dans une relation éternelle d’Amour.

L’univers visible et invisible, c’est-à-dire le monde matériel et le monde angélique, comme l’humanité, sont le fruit d’un acte de Dieu, d’un acte volontaire, libre, gratuit, de la part de Dieu. D’un acte d’Amour, tout a été fait, tout a été créé par Amour et avec sagesse.

Et Dieu gouverne l’univers dans sa providence. Nous sommes dans la main de Dieu.

En nous révélant que l’Être même de Dieu est Amour, en contemplant cet Amour et sa réalisation dans la création comme dans la rédemption, nous comprenons que l’essentiel de la vie consiste à vivre dans l’Amour.

Puisque l’homme est créé à l’image de Dieu. Cette image fait de nous – aussi bien comme individu que comme communauté, l’ensemble de l’humanité – des êtres faits pour vivre dans l’Amour et vivre de l’Amour, au plus profond de notre cœur, dans toutes les dimensions de notre personne et dans nos relations les uns avec les autres.

L’univers ne s’explique que par l’Amour ainsi que l’histoire de l’humanité. Hors de cette réalité, l’univers devient un espace froid, sans vie, sans finalité, sans intérêt.

Il ne suffit pas de savoir et de connaitre cette vérité fondamentale sur l’homme et sur le monde ; il est nécessaire d’en vivre, et d’expérimenter concrètement ce que cela signifie.

Être aimé de Dieu est une réalité qui se vit dans une relation qui devient par la foi et le baptême, une relation d’Alliance ; Dieu s’adresse à nous par son Fils, et nous sommes appelés à Lui répondre par Son fils, dans son Esprit Saint.

Notre relation à Dieu passe nécessairement par son Fils Jésus et nous devenons en Lui, Jésus, enfants de Dieu, fils et filles de Dieu, dans le Fils unique.

Jésus est à la fois notre Dieu, égal au Père et à l’Esprit Saint : Il est l’objet et la fin de notre foi.

Mais dans son humanité Sainte, uni à sa Personne divine, Jésus, vrai homme, est le Médiateur et l’unique Médiateur entre Dieu et les hommes, et entre les hommes et leur relation à Dieu : « Nul ne va vers le Père sans passer par moi » 

Jésus est aussi le Serviteur qui vient accomplir toutes choses envers Dieu et envers les hommes. Tout est accompli en Lui et par Lui. Il est ce Serviteur souffrant, annoncé par Isaïe, qui donne sa vie pour le monde, par amour du monde, afin que le monde soit sauvé et vive de la vie de Dieu, une vie abondante, une vie en abondance.

Jésus est aussi notre Grand Prêtre ; pour tout dire, Il est le seul Prêtre de la Nouvelle Alliance. Ce Grand Prêtre qui, sans cesse, comme le dit l’Épitre aux Hébreux, intercède auprès de son Père, et de notre Père, afin qu’aucun de nous ne soit perdu et que toute volonté du Père soit accomplie parfaitement.

En Jésus, toute la volonté de Dieu est accomplie. Donc en Lui, l’homme a répondu à Dieu.

C’est dans cette relation vivante avec le Christ Jésus et notre délicate attention à son Esprit Saint, qui agit en nous, que nous rencontrons notre Père du Ciel.

Sur le visage du Christ Jésus se révèle l’image du Père. Sur ce visage se manifeste qui est le Père, ce qu’Il nous dit, ce qu’Il attend de nous et les moyens que nous devons mettre en œuvre pour répondre à son Amour de Père, de Créateur. Cet Amour qui dépasse tout ce que l’on peut imaginer, inventer, espérer.

C’est dans la passion, la mort et la résurrection du Christ, que nous est dévoilée cette folie d’Amour de Dieu… et la folie de cet Amour.

L’Amour de Dieu est infini et à la fois très concret. Notre réponse n’a pas de fin et devient aussi très concrète :

un amour envers Lui par toutes nos capacités humaines et tout au long de notre vie, notre mort inclus ;

un amour qui se fait proche de tout être humain en le considérant comme un frère, une sœur… comme nous le rappelle avec véhémence le Pape François, dans sa dernière Encyclique.

Le visage de tout homme, même le plus abimé par la vie, devient comme un appel et un reflet du visage du Christ.

L’homme le plus enfoncé dans le péché, et dans le Mal, garde en lui une part du reflet de Dieu ; il a été créé et demeure à l’image de Dieu dans son être le plus profond.

À nous de devenir selon nos capacités et nos moyens, un canal de la grâce, pour ramener la brebis perdue. Chacun apporte une contribution humaine. Nous ne pouvons pas résoudre tous les problèmes, mais nous devons faire ce que nous pouvons, il en va de notre responsabilité d’homme et de chrétien.

« Fleurir là où Dieu nous a mis »

Cette expression de St François de Sales nous aide à mieux comprendre ce que Dieu attend de nous : vivre simplement tout bonnement ; mais vivre pleinement dans la vocation qui est la nôtre… que ce soit le mariage, le célibat, la vie consacrée… et donner le meilleur de soi, faire don de soi à Dieu et à nos frères tout au long de notre existence et quelles que soient les circonstances heureuses ou douloureuses.

Dieu nous rejoint dans son Amour qui est pour chacun et chacune, un Amour de miséricorde. Il vient nous tirer du Mal pour nous permettre de vivre pleinement notre vie comme un Don offert qui se dilate avec le temps, qui est appelé à grandir, à prendre toute sa stature adulte.

Cette miséricorde, dont nous sommes bénéficiaires, est à partager avec les autres hommes, nos frères, afin de devenir par notre vie, par nos actes, des reflets, des signes éloquents de cet Amour de Dieu qui n’a pas de fin.

Amen !

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