Homélie du Dimanche 27 juin 2021 – 13ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B
Par le Frère Jean
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Chers frères et sœurs, il y a des paroles de l’Écriture qu’il faudrait graver en lettres de feu dans notre mémoire, dans notre cœur. J’irai même jusqu’à dire qu’il faudrait les tatouer dans notre esprit !
Ainsi, celles que nous avons entendues en première lecture dans le Livre de la Sagesse : « Dieu n’a pas fait la mort, Dieu ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants… Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable ».
L’écrivain sacré qui a rédigé ces paroles vivait aux environs du IIème siècle avant Jésus Christ. Il n’a pas connu Jésus, ni sa Parole, ni les évangiles ; il n’a pas reçu la plénitude de l’Esprit Saint que confère le baptême institué par le Christ ; mais déjà, cet Esprit Saint qui devait se révéler en plénitude avec l’incarnation du Fils de Dieu ; déjà, cet Esprit, cet Esprit d’intelligence, cet Esprit de vérité, travaillait son intelligence et son cœur quand il réfléchissait à l’œuvre de Dieu dans le monde.
Cette action de Dieu dans le monde que les Écritures appellent les magnalia Dei (les grandes œuvres de Dieu), il les contemplait, notre scribe, en songeant à tout ce que Dieu avait accompli dans son peuple Israël. Il se souvenait d’Abraham qui fut le premier à répondre à l’appel de Dieu ; de Moïse, l’envoyé par excellence qui conduisait le peuple hors d’Égypte vers la Terre Promise ; il se souvenait de David que Dieu a choisi pour régner sur le peuple d’Israël et en être le pasteur qui le guide ; il se souvenait du prophète Élie qui fut envoyé au peuple infidèle pour lui rappeler l’Alliance conclue au Sinaï, et le ramener dans les voies de la justice ; il se souvenait encore du prophète Isaïe annonçant au peuple captif la libération, et lui révélant le mystère de la sainteté de Dieu.
Et notre auteur du Livre de la Sagesse comprend que si Dieu a fait tout cela pour son peuple, c’est que Dieu l’aime profondément et qu’Il ne l’abandonnera jamais.
Nous sommes au IIème siècle avant Jésus-Christ. La Palestine est sous la domination romaine. Le peuple juif n’a plus de roi descendant de David, et c’est un grand malheur pour lui. Mais il n’a que des roitelets d’un jour qui s’appellent Antipater, Hyrcan, Antigone ; la vie politique est – on ne peut plus – instable… rien de nouveau sous le soleil !
Et notre auteur du Livre de la Sagesse peut écrire en toute vérité : « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable ».
Et deux siècles plus tard, l’avènement désiré, attendu, fait irruption dans l’histoire du monde : Dieu en Jésus se fait homme.
Tout ce qui était annoncé depuis des siècles par les prophètes s’accomplit ; en Jésus toute l’histoire s’accomplit !
Jésus accomplit l’histoire du monde à un double niveau : d’une part, on attendait en Israël une action libératrice de Dieu, et d’autre part, on attendait un Messie, un Envoyé qui serait, en sa personne, l’instrument de ce salut, de cette libération.
Et bien, Jésus est à la fois le Dieu qui accomplit, qui provoque, l’action libératrice et Il est l’homme qui en est l’instrument. Il est à la fois Celui qui accomplit les Saintes Écritures et Il est Celui (qui, en sa personne) en qui est accomplie l’action de Dieu. Voilà cet homme, ce Messie, l’Envoyé de Dieu, Celui en qui s’accomplit toutes les Écritures ; qui dans la simplicité de sa personne humaine, se laisse toucher par la femme hémorroïsse.
Il se laisse toucher ! Toucher Dieu en Jésus !
La Vierge Marie à Pontmain, aux apparitions de Pontmain, disait : « Priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps ; mon Fils se laisse toucher ».
Ce toucher dont St Ambroise nous dit : « C’est la foi qui touche le Christ, la foi qui le voit ; le corps ne le touche pas ; les yeux ne le saisissent pas, car ce n’est pas ‘toucher’ si on ne touche pas avec la foi et par la foi ».
Voici cette femme hémorroïsse qui touche Jésus corporellement mais aussi par la foi.
« Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui ». Quelle est cette force qui passe de Jésus en cette femme en quête de guérison ? C’est la force même de Dieu, dont nous parlait le Livre de la Sagesse, qui veut la vie pour l’homme et la femme, qui veut pour nous l’immortalité, ce Dieu qui a fait de l’homme une image de ce qu’Il est en lui-même. Ce Dieu qui par sa mort a vaincu la mort, et qui par sa résurrection nous entraine avec lui dans la vie éternelle.
Voilà frères et sœurs, notre foi. Voilà ce que nous avons à accueillir et à témoigner dans le monde d’aujourd’hui qui ne croit plus ou si peu à la vie éternelle.
Et puis deuxième volet de l’évangile de ce jour, c’est l’affolement dans la maison de Jaïre : « ta fille est morte. Laisse Jésus tranquille, il n’y a plus rien à faire ».
Par la mort il n’y a plus rien à faire, le dernier mot est dit. Ceux qui disent cela au chef de la synagogue ne savent pas, ou ne savent pas encore, qu’en Jésus ils ont devant eux le Maitre de la vie et de la mort ! Celui qui a dit un jour « Celui qui croit en moi ne mourra jamais ! ». Et pour signifier que ses paroles sont aussi des actes, Il saisit la main de l’enfant et lui dit dans sa langue araméenne : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! ». Comme aux origines du monde dans le livre de la Genèse : « Il dit, et cela est ».
Les guérisons et les « résurrections », dans les évangiles (du moins les résurrections temporaires comme celle-ci), signifient, qu’en Jésus, le Salut est venu dans le monde.
La mort (nous le savons bien) continue d’exercer son pouvoir sur la terre… mais elle n’aura pas le dernier mot ! La Parole de Dieu toute puissante – aux derniers temps – nous réveillera du sommeil de la mort. Et c’est dès aujourd’hui, que par le baptême, nous avons reçu en nous le germe de vie qui ne finira jamais. Comme le chantait une ancienne hymne baptismale que cite St Paul dans la Lettre aux Éphésiens : « Réveille-toi, Ô toi qui dors, relève toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera ».
On a eu à la messe d’hier, samedi, un récit semblable, lorsque Jésus entre dans la maison de Pierre où la belle-mère de ce dernier est alitée avec de la fièvre.
Jésus lui touche la main sans qu’elle ne demande rien… et « la fièvre la quitta ».
« Elle se leva » nous dit le texte sacré, comme Jésus s’est levé d’entre les morts. En mettant la malade debout, Jésus la ressuscite.
Ces œuvres de Dieu que nous avons évoquées, tant dans l’Ancien Testament que dans les Évangiles, Jésus continue de les accomplir, aujourd’hui, dans le monde.
Jésus n’a pas guéri tous les malades qu’Il a croisé sur les chemins de Palestine durant sa vie publique – et Dieu sait s’Il a dû en croiser – mais ceux qu’Il a guéris : comme la femme hémorroïsse d’aujourd’hui ou la petite fille, ou l’enfant, du chef de la synagogue ; ceux qu’Il a guéris : les uns par une simple parole, les autres en les touchant, en imposant la main ; ceux-ci ont été guéris pour témoigner jusqu’à la fin des temps, qu’Il est le Maitre de la vie, qu’Il est le Vainqueur de la mort.
À part quelques historiens, personne ne sait qui sont Antipater, Antigone et Hyrcan, mais par contre tous ceux qui lisent ou qui écoutent les évangiles, savent qu’il y a plus de 2000 ans, un homme nommé Jésus est passé parmi nous « en faisant le bien » comme dit le Livre des Actes des apôtres, et en proclamant qu’en sa Personne, le Royaume des Cieux est advenu !
C’est ce que va signifier à nouveau dans un instant le pain rompu sur cet autel :
« Ceci est mon Corps livré pour vous… qui croit en moi – non seulement, aura – mais a déjà la vie éternelle ».
Amen !