Chers frères et sœurs,

Avec ce 5ème dimanche et l’évangile de Jean au chapitre 15, la liturgie nous tourne déjà vers l’Ascension.

La liturgie de l’Église en ce 5ème dimanche après Pâque offre à notre méditation la belle Allégorie de « la vigne » du chapitre 15 de saint Jean, que nous écoutons au début de l’adoration le soir du Jeudi saint, et qui ouvre la grande veillée nocturne de la Passion du Seigneur.

C’est le moment à la fois intime et solennel où Jésus ouvre son cœur à ses disciples, avant de les quitter, pour les ouvrir à une espérance nouvelle. C’est aussi le dernier moment avant qu’Il ne s’engage dans l’offrande sacrificielle de Lui-même en faveur de la Rédemption de l’humanité. Jésus, au terme de sa vie terrestre, tient à révéler à ceux qui l’avaient choisi, le mystère de sa Médiation salvifique et ce qu’elle va réaliser pour eux (et pour nous désormais) à travers l’accomplissement inconcevable de son mystère pascal. En ce dimanche, Jésus nous donne en quelque sorte sa vision de l’Église.

À la différence de la parabole qui ne révèle sa signification qu’au terme de la narration, l’allégorie rapporte divers détails, dont chacun avec sa propre signification va s’harmoniser aux autres dans l’ensemble du récit, afin de mieux exprimer la richesse de l’idée principale qui les unit ; en cela elle parait plus simple et plus synthétique, plus claire sans doute que la parabole, pour saisir l’intelligence du mystère de l’Église que le Seigneur nous propose.

L’allégorie de la vigne de l’Évangile nous révèle bien avant la lettre, si l’on peut dire, la doctrine du « Corps mystique » du Christ élaborée officiellement au XXème siècle. Cependant, ici est mis l’accent sur le rôle des sarments, sachant que les sarments (d’après Jésus lui-même) représentent les fidèles c’est-à-dire nous tous, et tous ceux qui par le baptême sont « entés » sur le Cep, le cep qu’Il est lui-même. C’est ainsi que nous sommes tous appelés à ne plus faire qu’un avec Lui, et par là à désirer – on ne doit pas hésiter à le dire – la croissance personnelle de l’union mystique au Christ.

Il est bon de nous rappeler que c’est la médiation corporelle de l’humanité, endurée par le Christ dans le temps et transformée lors de son mystère pascal, qui nous associe sous l’action de l’Esprit Saint à la multitude des croyants, pour former la communauté liturgique ecclésiale. Aussi construit-Il l’Église avec l’Esprit de multiples façons, comme la grande communion des baptisés, par le biais de ce mystère pascal central auquel chacun de nous prend part très mystérieusement et très diversement dans sa vie, avant de trouver sa pleine réalisation spirituelle – et toute sa valeur déjà au cours du temps – dans la réception du sacrement de l’Eucharistie.

L’actualisation du mystère pascal s’effectue donc en chacun des baptisés, de manière variée, souvent obscure, selon leur condition singulière, ordinaire.

Car tous éprouvent différemment cette action secrète du Père (mais toujours en vue de renforcer l’union à son Fils) en se laissant dépouiller ou émonder, c’est-à-dire en assumant foncièrement l’attitude oblative de ce Fils très aimé. Jésus nous invite à demeurer en Lui et à exercer, comme lui-même, la charité, afin ainsi de porter du fruit – pas toujours visible d’ailleurs – pour la communauté ecclésiale et pour faire advenir finalement le Règne de Dieu dans le monde.

Qu’il en soit ainsi pour la gloire de Dieu.

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