Homélie du Dimanche 29 Juillet 2018

17ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, Saint Mathieu, Saint Marc, Saint Luc nous ont apporté le grand miracle de la multiplication des pains. Mais l’apôtre Jean est celui qui le rapporte le plus longuement, avec en arrière fond le miracle plus grand encore de l’Eucharistie auquel nous avons la grâce de participer en Église.

Les premiers versets de ce récit situent l’évènement merveilleux au moment faste du ministère public alors que les foules de Galilée reconnaissaient Jésus comme le Messie. Ce passage d’évangile pourrait d’ailleurs se placer dans le sillage de celui que nous avons entendu dimanche dernier qui décrivait le comportement du Bon Pasteur. Le Bon Pasteur qui était « saisi de pitié » devant les foules en attente d’un maitre.

Encore très nombreux, aujourd’hui, sont ceux qui, dans nos pays de tradition chrétienne, sont en recherche de vérité ; alors que leur ancêtres l’avaient reconnu dans l’Évangile parce qu’ils vivaient plus simplement, plus proche du rythme de la nature et également par la transmission familiale d’une piété authentiquement vécue.

La foule, donc chez St Jean, poursuit Jésus, qui avec ses disciples avait gagné la montagne de l’autre côté du Lac du Tibériade, c’est-à-dire la région limitrophe du peuple élu. Jésus voulait-il ainsi montrer que le miracle qu’il allait accomplir, s’adressait aussi, au-delà de la nation Juive, à tous les peuples. « C’était peu avant Pâque » ; cette mention n’est pas anodine car la Pâque est l’une des plus grandes fêtes juives ; celle qui commémore à la fois cette sortie de l’esclavage d’Égypte des Hébreux et la conclusion de l’Alliance avec Moïse au Sinaï ; pour nous chrétiens elle fait évidemment allusion à la Pâques du Christ, mort et ressuscité, qui réalise en sa Personne l’Alliance nouvelle.

La multiplication des pains est, chez l’apôtre St Jean, une prophétie non seulement du Corps livré pour notre Salut mais aussi la prophétie du banquet messianique du Royaume.

Cette multiplication des pains dans la solitude rappelle beaucoup la manne du désert lors de l’Exode d’Israël ; et Jésus lui-même nous le rappellera un peu plus tard dans la suite de cet Évangile.

Mais aujourd’hui l’Église, avec la première lecture, propose de la mettre en rapport avec le miracle du prophète Élisée lors d’une période de disette en terre d’Israël. Nous constatons alors que Jésus semble reprendre le déroulement de ce miracle : Philippe en effet répond à Jésus presque de la même façon que le serviteur d’Élisée étonné :

« Comment, Maitre, donner ce peu de nourriture à cent personnes ? »

Et Jésus de répondre presque de la même manière du prophète, avec assurance :

« Donne à tous ces gens pour qu’ils mangent ! »

Remarquons bien : c’est avec ce bien peu, ce presque rien, que Dieu le Seigneur de la création, va accomplir le prodige.

Oui, Dieu, pour faire des miracles en faveur des hommes, a besoin de nous, de notre foi, de notre générosité ; et c’est à travers notre pauvre réponse – mais avec un minimum de collaboration de notre part – que son œuvre de Salut va pouvoir se développer et s’étendre jusqu’au monde entier.

Il est intéressant de noter aussi que dans les deux miracles relatés, il est souligné qu’on mange de ce pain béni et qu’il en reste ! Il est précisé même, par l’évangile de Jean, qu’il resta douze paniers pleins !

Sans doute est-ce-là pour signifier que les apôtres seront invités à poursuivre ce grand geste de Jésus.

La foule n’avait pas tort de considérer Jésus comme le grand prophète, et comme le dira Ste Marthe : « Celui qui vient de la part de Dieu dans le monde ».

Pourtant elle ne devrait pas en conclure rapidement qu’il était le Messie, ce Messie qui allait rétablir la justice, remettre toute chose en ordre, et établir le monde sous la domination d’Israël… vision très humaine, trop humaine, qui fausse le dessein de Salut que Dieu propose, de toute éternité, dans sa miséricorde à tous les hommes.

Sachant que les gens étaient sur le point de le capturer et le faire roi, Jésus se retira à nouveau dans la montagne pour prier, se retrouver seul auprès de son Père ; peut-être pour méditer sur le terme de sa mission qui est de rassembler tous les hommes dans la vérité de son mystère rédempteur.

Son geste, quoique spectaculaire, reste assez simple mais il est mal interprété ; à vue humaine les gens s’arrêtent à cette manifestation de puissance supérieure, sans y percevoir la signification profonde, celle du partage et de la reconnaissance de la bienveillance de Dieu à l’égard des hommes.

La multiplication des pains est le signe annonciateur de l’Église qui recevra l’aliment céleste, permettant de nous ouvrir à la communion de Dieu, et d’entretenir le support mutuel quotidien des frères et des sœurs. L’Eucharistie a le pouvoir de nous transformer parce que, par elle, nous pénétrons dans le mystère de la communion d’Amour du Dieu trinitaire :

« Notre vocation, en effet, nous dit St Paul dans sa lettre aux Éphésiens, nous appelle à épouser le comportement d’humilité, de douceur et de patience du Seigneur et nous tourne vers la seule espérance pour devenir un seul Corps et un seul Esprit dans le Mystère du Christ.

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