Homélie du dimanche 29 novembre 2020 – 1er Dimanche de l’Avent – Année B

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

En ce premier dimanche de l’Avent nous entrons en Église avec les textes sacrés de l’année B, où l’évangile de St Marc tient une place d’honneur chaque dimanche.

L’Église nous exhorte à attendre le Seigneur. L’homme par lui-même n’est pas son propre but. Il est toujours en tension vers autre chose, quelque chose de mieux, de plus grand, de quelque chose d’intemporel, ou mieux : de Quelqu’un qui ne meurt pas, car Il est lui-même la vie !    Il se propose à tous, le Seigneur Jésus.

Chaque année, l’Avent nous demande de nous mettre en état de veille, non pas pour dormir comme le Seigneur nous le dit, certes, mais paradoxalement pour nous maintenir en éveil ; pour faire émerger en nous ce qu’il y a de plus profond en nous : la mise en évidence de notre relation intime, personnelle, à Dieu. Et pour cela nous avons besoin d’un minimum de conditions : il nous faut nous mettre à l’écart du train du monde pour souffler, nous reposer un peu et réfléchir sur l’essentiel.

L’homme qui veille se pose ; il recherche ses racines et son regard s’éclaire aux leçons du passé. Alors, il reste engagé dans le fil linéaire du temps, son cœur s’en extrait ; il cherche à se retirer vers quelque chose, vers quelqu’un, qui, pour nous, nous transcende, qui appartient aussi bien au passé, d’ailleurs, qu’à l’avenir.

L’Église, avec les Écritures, proclame imperturbablement son attente et son désir unique du retour du Christ. C’est Lui qui récapitule tous les temps. Viendra donc l’heure pour chaque croyant où attendre Jésus est la seule chose qui importe. Les textes liturgiques de ce jour nous apprennent que cette heure apparaît (comme avec St Paul) avoir été déjà partiellement comblée, ou bien avec le prophète Isaïe, ressentie (cette heure) à la suite d’une pauvreté extrême parce que tout le reste de nos attentes, de nos désirs ont disparu.

Pour nous chrétiens, nous vivons dans la foi, dans ce mystère du Christ, dans cette grande communion des Saints. Et voilà que l’attente nous fait entrer dans l’espérance…

Nous pouvons veiller avec ceux qui ont attendu le Messie, avec les prophètes, et tous ceux qui demeuraient dans l’attente de la réalisation de la promesse inouïe d’une rencontre possible avec Dieu.

Nous pensons spécialement à Zacharie, à Élisabeth, à Marie, à Joseph, à Syméon et à Anne, à St Jean Baptiste ; notre mémoire se réjouit ainsi de nos devanciers, elle doit soutenir notre attente, l’avènement nouveau du Seigneur. Le Fils de Dieu est déjà venu et nous avons l’assurance qu’Il reviendra bientôt, d’une manière ou d’une autre.

Car nous pouvons le rencontrer, même au-delà du temps, à la condition de fermer la porte de notre chambre, en priant dans le secret.

C’est bien le temps de la veille, de la prise de conscience de la Présence de Dieu en nous. Elle se découvre dans le silence au niveau de l’intériorité, au plus profond du cœur. St Paul nous le dit aujourd’hui : nous devons rendre grâce à Dieu de tout ce qu’Il nous donne dans le Christ Jésus. En Lui, nous avons toutes les richesses, celle de la Parole qui nous instruit, et celle de la connaissance, du témoignage de son amour répandu parmi nous, et qui ne cherche qu’à se développer comme don plénier qui nous comble.

Pourtant, souvent à cause des circonstances dramatiques de la vie, l’attente du Christ Jésus est plutôt le fruit de notre pauvreté. Ce trésor de plénitude, même si nous savons l’avoir reçu, nous ne nous en apercevons guère, car nous le portons dans des vases d’argiles qui en cachent la splendeur.

C’est alors du plus profond de notre faiblesse que doit jaillir le cri du prophète : “Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ?”

… nous sommes semblables à des hommes souillés et nos belles actions sont comme des vêtements sales… Seigneur, reviens pour l’amour de tes serviteurs… “Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais”.

L’Église, en ce jour, fait sienne cette vieille prière, qui est toujours actuelle, tiraillée qu’elle est dans ses enfants, entre le baptême et les réconciliations qui se renouvellent chaque jour, et la détresse immense provenant des péchés qui enlaidissent toujours la communauté ecclésiale.

L’Église est traversée, ballottée, entre ce qu’elle pressent déjà de la joie à laquelle elle est promise, et la misère de ses enfants qui paraissent s’en écarter. Malgré tout, l’Église reste dans son désir de rencontre avec Dieu.

Tout chose cessante, elle doit, par sa prière, laisser mûrir et croître son espérance en Dieu, en Dieu Père de toutes miséricordes.

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