Homélie du dimanche 3 Mars 2019

8ème dimanche du temps ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

L’évangéliste St Luc rassemble en ce dimanche plusieurs sentences. On peut les trouver en Mathieu et en Jean dans un contexte différent. Elles prennent la forme qui est de consignes envers ses disciples et sans aucun doute pour nous aussi.

On peut, si vous voulez, distinguer deux parties dans cet ensemble.

La première se rapporte davantage au thème du regard, et celle seconde, au discernement. Il faut souligner que St Luc s’adresse, d’après la précision de Jésus, à ses disciples, qu’il a institués comme les témoins de ses Paroles, et qu’ils devront en faire bénéficier un jour, par l’annonce de l’évangile, à tous les hommes.

Ses disciples doivent savoir non seulement en quoi consistent les enseignements du Seigneur, qui révèlent sa doctrine mais encore savoir la comprendre, comment on doit la pénétrer progressivement. Ils doivent avant tout garder la lumière qu’ils ont reçue, ne pas la perdre et redevenir aveugles.

On sait qu’il n’est pas question qu’un aveugle prétende soigner les autres aveugles de leur aveuglement !

Jésus en tire vite une leçon de bon sens en indiquant une façon de voir clair, simplement en se laissant instruire dans la foi. Se laisser former comme des élèves à l’égard d’un maitre, avec injonction toutefois de l’humilité requise car « le disciple n’est pas au-dessus de son maitre »… et quel maitre !

St Luc ne ferait-il pas déjà ici allusion à la rencontre des disciples d’Emmaüs avec le Christ ressuscité ? Les disciples devront répondre aux questions exigeantes qui doivent pouvoir satisfaire aux demandes de tous les assoiffés de justice et de vérité ; pour devenir des maitres à leur tour, ils doivent assimiler ce qu’ils ont reçu en appliquant à eux-mêmes les exigences qu’ils auront à communiquer aux autres. C’est bien alors qu’ils deviendront de « bons arbres » qui produisent de « bons fruits ».

Or cela demande du temps, de la persévérance, de la prière ! Et c’est ce qui conduit aussi à affermir la foi, car celle-ci se trouve sans cesse menacée par de multiples façons dans le monde, souvent étranger et même hostile à la vérité.

« Jésus est venu dans le monde » nous dit St Jean « pour ouvrir les yeux des aveugles ».

À leur tour les disciples seront appelés à porter au monde la lumière de la révélation ; révélation à laquelle ils adhèrent comme nous par grâce. Alors sous la lumière de la foi, dans la patience ils seront progressivement libérés de l’attirance du péché. L’Esprit-Saint les transformera peu à peu en véritables témoins du Royaume. À la longue ce ne sera plus l’une ou l’autre Parole du Christ qu’ils retiendront ou proclameront… c’est tout un comportement qui révèlera autour d’eux leur attitude intérieure d’être unis au Christ. Ils deviendront même des voyants spirituels ; ils ne cesseront jamais cependant d’examiner par leur méditation des Écritures, leur propre rapport entre leur cœur et leur bouche, avant d’entreprendre, de corriger quelques défaillances chez les autres dont ils seront peut-être responsables. Ils devront prendre eux-mêmes, à leur propre mesure, le jugement que le Christ lui-même a révélé par rapport à son Père. Ils apprendront cette mesure qui s’ajuste jusqu’à l’extrême de la vérité du Père des cieux, que Jésus a manifesté dans l’amour sur la Croix.

Le disciple alors sera conjoint à cette mesure que l’Esprit Saint lui-même lui communiquera. Il saura discerner ce qui est attrait secret de l’Esprit de Dieu, de ce qui est poussé, obscur, du Mal. Il séparera le bon grain de l’ivraie. Combien même il n’arriverait pas tout à fait à un véritable discernement, il saura attendre l’heure de la saison des fruits… car c’est à ses fruits que l’on reconnait l’arbre bon ou mauvais ! Autrement dit, il devra savoir attendre cette récolte. Mais Jésus est formel : c’est du cœur, le cœur de l’homme qui est bon ou mauvais, que débordent figues ou ronces, raisins ou épines ; ce cœur, qu’il soit trésor ou pourriture, car il déborde toujours en paroles ou en gestes.

L’expression déborde comme un trop plein du cœur ! Et seule la Parole de Dieu sortie elle-même des profondeurs de Dieu peut venir toucher le cœur profond de l’homme plus ou moins blessé… le guérir, le transformer en Paroles d’amour, de louanges, d’actions de grâces.

C’est ce fruit bon que Dieu suscite en nous et qu’il ne cesse d’attendre de tous les hommes

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