Frères et sœurs bien aimés,
À quoi sert une porte ? À entrer, à sortir. La porte est un lieu de passage, une forme de Pâque ! La porte permet de passer de l’extérieur à l’intérieur d’un lieu. Avec cette image reprise tout au long de la Bible dans l’Ancien Testament, de sécurité, de stabilité, de prospérité.
Entrer par les portes d’une ville entourée de remparts, avec une porte ou quelques portes, est un signe d’être intégré dans la ville de cette cité, d’être protégé, d’être enfin arrivé. Cette image sera reprise par l’Apocalypse, où l’apôtre Jean nous décrit la Cité céleste, la Jérusalem céleste, avec plusieurs portes basées sur les douze colonnes au nom des apôtres ; et ces portes sont ouvertes jour et nuit, c’est-à-dire qu’il n’y a plus d’attaque, plus d’insécurité. On rentre dans la Maison de Dieu.
Il y a un très beau tableau de Fra Angelico qui montre la porte qui rentre dans le Paradis, avec les saints en ronde, en chantant, qui se dirigent vers la porte entourée des anges ; et de cette porte jaillie une Lumière ; nous allons vers la lumière qui est indescriptible ici-bas.
Il en est ainsi de la Jérusalem d’ici-bas, pour ceux qui sont à allés à Jérusalem ou qui ont vu des images : il y a la ville ancienne qui est entourée de portes avec des noms spécifiques.
Jésus reprend cette image et il dit : « Je suis la porte ». Pourquoi ? Parce qu’il est Celui en qui se trouve le Salut. Jésus est la porte qui ouvre au salut, qui oriente vers le salut, qui permet d’entrer dans le salut… il est la porte d’entrée (il l’ouvre) du Royaume.
Depuis le péché originel, la porte du ciel était fermée. Jésus a enlevé les Kéroubim qui gardaient la porte et qui interdisaient à tout être de rentrer dans le paradis. Par sa mort, par sa passion, par sa résurrection, Jésus ouvre les portes du paradis, et il entraine avec lui, Adam, Eve, et tous les justes de tous les temps pour les emmener au sein du paradis. Jésus nous attend pour nous faire entrer dans le paradis, dans ces demeures que notre Père du ciel nous a préparées ; nous avons chacun une demeure.
Jésus est la porte mais aussi le Berger. Jésus prend dans ce chapitre 10 de st Jean, ces images de porte et de berger ; non seulement il est berger mais il est l’unique berger du troupeau. Il est le vrai Berger.
Jésus emploie différentes images pour se qualifier : lui, le Verbe fait chair, seconde Personne de la Trinité ; lui, notre Sauveur qui s’est fait homme dans le sein de Marie ; lui, Jésus de Nazareth qui a marché, qui a peiné sur notre terre, et qui a souffert pour notre salut ; et qui est ressuscité et qui nous entraine dans ce passage, cette grande Pâque, cette porte qui nous conduit vers le salut éternel. Jésus emploie d’autres images, comme « Je suis la lumière… Je suis le chemin, la vérité et la vie » ; mais ces images renvoient à la réalité, ce ne sont pas simplement des symboles ou des jolis mots pour nous rassurer.
Jésus est vraiment la lumière du monde ; Jésus est vraiment le chemin, il n’est pas un chemin parmi d’autres, il est le chemin ; Jésus est la vérité, il n’est pas une vérité proposée possible, plausible ; il est la vie, il n’est pas une vie, comme les publicités de supermarché : « la vraie vie » ! …c’est Jésus qui nous apporte la vraie vie ! Ce n’est pas le matériel, la nourriture (qui est nécessaire), mais enfin, il ne faut pas se tromper d’objectif.
Jésus se qualifie aussi comme le temple ; dans son corps, il est le temple nouveau. Et pour un juif croyant, le temple est essentiel, il n’y avait qu’un seul temple à Jérusalem. Jésus dit : « Je suis le Temple » : le nouveau temple, dans son corps. Le temple est aussi l’autel, le prêtre et la victime ; il ne faut pas être surpris que Jésus soit à la fois, « porte » et « berger » ; lui-même dans sa Personne divine, il est le temple nouveau et éternel, annoncé par le temple de Jérusalem : il est l’Autel sur lequel on célèbre le sacrifice, tous les autels sont consacrés avec le Saint Chrême. Il est le Prêtre mais aussi l’Agneau pascal, la victime.
Aujourd’hui, la liturgie de l’Église nous fait contempler Jésus, écouter sa Parole qui le qualifie (et se qualifie lui-même) de Porte du Royaume et de Berger.
Le berger a un bâton pour rattraper les brebis qui s’égarent, et les ramener, mais aussi pour faire fuir le loup, les prédateurs. Ce bâton nous est annoncé déjà dans la première Alliance avec Moïse (rappelez-vous Moïse dans d’autres endroits de la Bible) où il va étendre son bâton sur la mer Rouge qui va s’ouvrir ; et il va l’étendre à nouveau : la Mer Rouge va revenir à sa place. Devant Pharaon, Moïse jette son bâton qui devient un serpent ; il le reprend et le serpent redevient un bâton. Ce bâton de Moïse est le signe de la Croix qui sera employé par ce même Moïse dans le désert ; quand le peuple d’Israël murmure contre Dieu et contre Moïse : il n’est jamais content – un peu comme nous d’ailleurs – toujours à critiquer, à murmurer contre Dieu, contre les autres, contre soi-même. Le Seigneur dit à Moïse : « fais un bâton, élève le avec un serpent d’airain au-dessus » ; et tous ceux qui étaient mordus (par les vrais serpents envoyés par Dieu), étaient sauvés (en regardant le serpent d’airain), même si soixante-dix mille hommes périrent !
Ce bâton annonce la Croix ; la croix vivifiante où le Christ va subir volontairement et par amour sa passion ; il va ressusciter, nous entrainer, dans ce grand passage.
Ce bâton de Moïse, ce bâton de la Croix, cet Arbre de vie qui fleurit sur la croix et qui nous apporte la vie divine.
Jésus est berger, la porte, qui conduit à la vie ; dès à présent, par la foi, par les sacrements, nous entrons dès maintenant dans la vie éternelle. Jésus nous dit : « celui qui mange ma chair et boit mon sang (dans l’Eucharistie) a la vie éternelle » : c’est un présent, pas un futur ; et : « à la fin des temps, Je le ressusciterai »… corps et âme… notre corps a une valeur, ce n’est pas un tas de viande ou de molécules simplement ! Jésus nous dit et nous affirme qu’il va ressusciter notre corps ; c’est l’un des articles de la foi : la résurrection de la chair ; ce n’est pas la chair en général… c’est notre corps qui est le temple du Saint Esprit ; et c’est la victoire du Ressuscité qui nous donne de vivre cela, dès à présent, dans la plénitude, dans le Royaume des cieux.
Frères et sœurs, Jésus nous conduit, il conduit chacun et chacune d’entre nous. Mais aussi, il conduit le troupeau qu’est l’Église, l’humanité. Qu’est-ce-que l’Église ? C’est l’humanité recréée. L’Église n’est pas une assemblée de gens « bien » ! De gens bien-pensants, un club plutôt élitiste…
L’Église est la communion de ceux et celles qui vivent, et veulent vivre de la vie de Jésus. Non pas de manière extérieure, non pas de manière fallacieuse, mais en vérité.
Qu’est-ce qu’un chrétien ? C’est un pécheur pardonné ! Nous ne sommes pas l’Immaculée Conception, il n’y a que la Vierge Marie qui n’a pas été touchée par le péché… peut-être St Joseph… mais nous, nous sommes marqués par le péché. Les gens « bien » : ce sont les pécheurs pardonnés ! Sinon on est dans le mensonge, dans le paraitre : on peut mettre beaucoup de maquillage, beaucoup de tissus de soie, faire des carrosseries chromées… tout cela ne tient pas avec le temps ! Nous sommes tous des pécheurs pardonnés et aimés.
Nous pouvons annoncer à l’humanité que nous ne sommes pas supérieurs aux autres ou mieux que les autres, mais nous avons fait l’expérience de la miséricorde divine. C’est cela qui porte ! Ce ne sont pas les discours moralisants ou qui peuvent avoir une valeur morale ; mais qui n’entrainent pas, qui ne touchent pas, qui restent à la périphérie… comme l’eau qui glisse sur les plumes d’un canard.
Jésus est vraiment la Porte et le Berger. Il nous conduit tous et toutes, chacun en particulier ; il est aussi le Pasteur du troupeau, de l’Église ; il conduit son Église. Il la conduit à travers le ministère pétrinien ici-bas. Le Seigneur nous parle à travers son vicaire ici-bas, qui est aujourd’hui le Pape François, donc nous faisons un acte de foi dans le mystère de l’Église. Ce n’est pas surérogatoire, possible ; ça appartient au fondement de notre foi catholique. Ce n’est pas une obéissance à géométrie variable, selon les souverains pontifes, selon les idées que nous avons : c’est le chemin qui nous conduit à la Vie.
Jésus nous conduit et il nous appelle à le suivre. Il ne s’agit pas simplement que Jésus nous conduise, encore faut-il le suivre ! Il ne s’agit pas simplement d’écouter la voix du Seigneur, mais de la suivre !
Jésus nous appelle à le suivre ce matin, tous et toutes, aujourd’hui, comme nous sommes. Voulons-nous vraiment suivre Jésus aujourd’hui ? Sans conditions, sans mettre « oui, mais » ! Jésus appelle chacun à une vocation singulière, nous sommes tous unique dans l’histoire de l’humanité. Chacun, chacune a une vocation particulière, et un chemin de sainteté unique, une histoire unique, qui sera unique dans toute l’histoire de l’humanité.
Nous sommes appelés à répondre à notre vocation singulière, particulière, qui n’est pas celle de celui, ou celle, qui est proche de moi.
Jésus nous appelle tous et toutes à la sainteté ! Ce n’est pas facultatif… ce n’est pas réservé à une élite dans l’Église… Qu’est-ce que la sainteté ? C’est de vivre en chrétien, c’est le régime normal du baptisé. Si nous ne vivons pas dans un régime de sainteté, nous abimons notre vie chrétienne. Nous ne sommes pas vraiment chrétiens. Quand nous parlons de sainteté, il ne s’agit pas de faire des miracles, d’avoir des extases ou de faire des choses extra ordinaires… c’est de vivre l’ordinaire de la vie de manière extraordinaire, c’est-à-dire de la vivre avec Jésus, pour lui, par amour de Lui, par amour du prochain, avec simplicité ; st François de Sales dirait : « tout bonnement ! »
Mais Jésus appelle aussi certains, certaines, à un chemin particulier. La plupart des hommes et des femmes sont appelés au mariage, dans le sacrement du mariage, c’est-à-dire dans la sainteté du mariage : ce qui est une vocation et une conversion permanente.
Il appelle aussi dans le célibat, et des chemins parfois douloureux, des ruptures dans la vie, des échecs ; mais qui ne sont pas un échec de la vie mais des échecs dans la vie, ce qui n’est pas la même chose. Ces échecs sont appelés à être vécus par les personnes qui vivent ce chemin plus douloureux – même si tous les chemins ont leur chemin de croix – dans la lumière du mystère pascal de passion, de mort et de résurrection.
Toute vie a une solution… toute situation a une solution… dans le Christ, à un dépassement par le haut, par l’Amour.
Certains et certaines sont appelés à être prêtre, diacre, évêque. D’autres sont appelés à être religieux, religieuses, moines, moniales… nous devons répondre à l’appel que Jésus nous adresse.
Prions en ce jour de prières mondiales pour les vocations, que de nombreuses personnes (et si possible des jeunes qui commencent leur vie) soient appelées au sacerdoce pour donner la vie sacramentelle, pour annoncer l’évangile dans la liturgie et par le ministère de la mission sacerdotale à la suite des apôtres, la mission apostolique.
Prions aussi pour ceux qui sont appelés à la vie religieuse, avec cette spécificité qu’a chaque ordre ou congrégation, qui donne comme un reflet de la sainteté de Dieu. Nous ne pouvons pas répondre à toutes les vocations ; nous y répondons par l’amour de charité, d’Agapè, avec une application concrète, spécifique ; qui est limitée forcément, mais qui est en communion avec les autres ; et dans ce prisme, toutes les couleurs, toutes les formes sont unies et complémentaires.
Prions pour que de nombreux jeunes (femmes ou hommes) s’engagent à la suite du Christ en donnant toute leur vie, leur âme, leur corps, leur avenir, en faisant confiance à Jésus.
Durant cette célébration eucharistique, dans le sacrifice eucharistique, demandons au Seigneur de nous convertir plus profondément, afin de prendre conscience que nous sommes baptisés, d’être en état de conversion permanente – ce n’est jamais fini – d’avancer et de désirer la sainteté, non pas en se faisant remarquer, en étant excentrique, mais en agissant profondément en union avec le Seigneur, dans la puissance de son Esprit Saint, soutenus par Marie, par tous les saints, tous les anges.
Mais aussi de prier et de répondre pour ceux qui sont appelés, à une vocation plus spécifiques et complémentaire dans le mystère de la communion ecclésiale comme prêtre, religieux, religieuse, que ce soit la joie de ce jour. et demandons la grâce de vivre dans la confiance car nous sommes aimés du Seigneur et quels que soient les appels qu’ils nous adresse, quelles que soient les épines du chemin, d’accepter de lui faire confiance, d’avancer en lui, dans la paix et la joie. Amen !