Frères et sœurs bien-aimés, l’apôtre Paul en ce dimanche, nous appelle avec force à un renouveau. Un renouveau dans notre vie chrétienne, dans notre vie de baptisé. La plupart d’entre nous, sommes baptisés… certains non, mais chacun et chacune est appelé à un renouveau. Paul nous dit : Laissez-vous renouveler par une transformation spirituelle de votre pensée.
Oui, frères et sœurs, nous courons le risque, un risque double, à la fois de devenir des personnes somnolentes qui ne sont plus stimulées par la Parole de Dieu, émerveillées par la Présence de Jésus, mais semi-endormies dans un ronron pseudo-spirituel qui nous satisfait. Nous naviguons en eaux médiocres et nous nous contentons d’une vie médiocre.
L’autre aspect, c’est d’être des râleurs continuels, comme les Hébreux dans le désert, des personnes jamais contentes, toujours regardant dans le rétroviseur du passé : quand nous mangions à côté des marmites de viande, des concombres, des melons… (qui sont de saison par ailleurs). Nous sommes appelés à nous ressaisir de la nouveauté de la vie chrétienne et de ne pas plonger dans un passéisme stérile autant que nuisible.
Oui, frères et sœurs, ce matin nous sommes appelés, comme à chaque instant de notre vie, à un renouveau, à écarter de nous notre style de vie ancien, d’éloigner le péché volontaire, une vie de débauche, une vie de laisser-aller, une vie d’idolâtrie, à divers niveaux. Nous sommes appelés à laisser notre passé, à laisser les morts enterrer les morts nous dit Jésus, pour vivre avec les vivants sur la terre des vivants, la terre de ceux et celles qui vivent de la vie de Jésus et qui regardent vers l’avant, qui ont pour ligne d’horizon, qui ont pour aune le Royaume des cieux qui vient et qui est déjà présent. Le Seigneur Jésus nous appelle à vivre dans le présent de notre vie, pas dans un passé stérile ou dans un avenir hypothétique et incertain.
Oui, nous sommes appelés à un renouveau, à laisser tous nos mécontentements, à laisser tous nos doutes, toutes nos certitudes stériles, nos fausses sécurités. Oui, nous sommes appelés à un renouveau en ce jour, en cette Eucharistie, à nous laisser transformer ; c’est-à-dire à être ce que nous sommes, à accepter la réalité comme elle est mais à laisser la puissance du Ressuscité transformer notre vie et transformer notre personne.
De quelle transformation s’agit-il ? Quelle est la nature de cette transformation ? La foi, la foi en Jésus, une foi vivante, tonifiante, vivifiante ; croire en la Personne de Jésus pour accomplir l’œuvre de Dieu (Jésus parle au singulier) : l’Opus Dei par excellence… l’œuvre de Dieu qui ne se manifeste pas simplement dans la liturgie, l’Opus Dei, les moines… mais par toute la vie, dans toutes les dimensions de notre vie, de notre personne.
Oui, croire en Jésus ; qu’est-ce-à-dire ? Le reconnaître et l’accueillir. Tout d’abord, le reconnaître dans la foi, Lui le Fils de l’homme, l’Envoyé du Père, le Serviteur du Père, le grand Prophète annoncé par Isaïe qui introduit dans une vie nouvelle, une alliance nouvelle, le Messie ; plus encore : le Fils unique de Dieu, le Logos incarné, Dieu parmi nous, l’Emmanuel. Oui, croire en Jésus, c’est-à-dire le reconnaître et l’accueillir. Jésus frappe à la porte de notre cœur, de notre esprit, de notre vie. Jésus ne forcera jamais la porte ; Il demande à être accueilli. Frères et sœurs, ouvrons à deux battants les portes de notre vie (de notre cœur au sens biblique) à la Présence de Jésus ; Lui, Jésus qui est le Pain de vie, le pain de la vie ; Jésus qui donne la vie au monde comme à chacun d’entre nous.
Frères et sœurs, la foi nous introduit dans une vie nouvelle. La foi est cette certitude qui nous fait adhérer à la Personne de Jésus. Une certitude qui n’est pas une évidence sinon il n’y aurait pas besoin de foi, mais qui est suffisamment puissante, lumineuse, attractive pour avoir la certitude (de conscience) que nous sommes appelés et que nous devons y adhérer. Bienheureuse obéissance de la foi nécessaire au Salut éternel ! Oui, la foi ne s’imposera jamais à nous ; la foi est un consentement à Dieu qui se révèle.
Nous sommes appelés à consentir à ce que Dieu nous dit et ce à quoi il nous appelle pour rentrer dans un mystère de communion avec Lui. Le Seigneur Jésus n’a pas besoin de logiciels, de robots qui répondent à ses ordres, il n’en a rien à faire ! le Seigneur veut des hommes et des femmes, des enfants, des vieillards, toutes sortes de personnes, chacune des personnes dans l’histoire de l’humanité, qui répondent à son amour, à la sollicitude et à la sollicitation de son amour.
Oui, la foi nous introduit dans une vie nouvelle. La foi nous apporte suffisamment de lumière pour avancer et suffisamment d’obscurité pour avoir le mérite de faire confiance, le mérite de manifester notre amour. L’amour n’est pas évident, l’amour suppose la confiance et le sacrifice de soi. Sinon cela s’appelle : de la jouissance égoïste, de la consommation de l’autre.
La foi nous introduit dans une vie nouvelle, une vie de foi : c’est à dire une vie avec Jésus, une vie dans le Christ Jésus ; non pas comme référence matinale et qu’on oublie toute la journée comme la rosée qui s’évapore, mais comme une Présence d’amour qui nous accompagne tout au long de la journée, tout au long de notre vie ; non pas simplement une référence morale (c’est déjà pas mal !) mais une vie : la Vie de notre vie… la vraie Vie ! Cette Vie est alimentée nécessairement, comme toute vie, par une nourriture. Et quelle est cette nourriture ? C’est le Don que Jésus fait de Lui-même dans le mystère de l’Eucharistie, qu’il fait Lui-même dans le Don de la foi et notre adhésion libre et aimante à la réponse de Dieu qui se révèle, mais aussi cette communion de foi dans la réception du mystère de l’Eucharistie pour être avec Jésus et vivre de Jésus. Sinon nous sommes en complet décalage ! « Nous croyons »… nous croyons mais nous ne pratiquons pas !… Comme quelqu’un qui dirait : « Oui il faut respirer pour vivre »… et qui oublierait de respirer ! Nous sommes appelés à vivre de la vie de Dieu sinon nous sommes des morts qui passons pour des vivants, notre vie intérieure est éteinte (et parfois pourrie).
Nous sommes appelés à nous laisser saisir par Lui, purifier par Lui, transfigurer par Lui pour vivre en communion ; alors notre vie sera un émerveillement continuel, une nouveauté continuelle, un renouveau continuel. Nous ne serons pas poussifs à regarder dans le passé ou à nous noyer dans l’avenir ; nous serons présents à ce que nous devons vivre personnellement, communautairement, socialement, dans le présent. Le Seigneur dans ce mystère de l’Eucharistie (et le mystère de la foi) nous accompagne durant cette traversée du désert qu’est notre vie ici-bas ; du désert où parfois il y a des oasis, mais du désert vers la terre promise du Royaume.
Jésus est avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde, nous dit-il dans la finale de saint Mathieu : « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » dit Jésus. Chaque jour ! Il n’est pas absent à un certain moment ! Il ne prend pas de vacances ! Il est toujours avec nous, y compris quand nous sommes en vacances.
Oui frères et sœurs, le Seigneur nous appelle à le suivre ; et Paul l’apôtre – c’est à dire l’envoyé de l’Envoyé, qui est « l’Envoyé » par excellence : c’est Jésus le Christ, le Fils de l’homme, le Fils de Dieu – Paul nous appelle à ce renouveau. Nous sommes appelés à une conversion sans cesse qui est à mettre en œuvre chaque jour de notre vie, chaque instant de notre vie. Il y a les grands axes de notre vie mais il y a un renouveau continuel. Comme nos cellules changent ! Au bout de quelques années tous les milliards de molécules que nous avons, changent en nous, nous sommes le même mais pas tout à fait le même, les molécules, les cellules changent en nous.
Nous sommes appelés au niveau spirituel à ce même renouveau qui vient de Dieu, nous ne pouvons pas nous le donner par nous-mêmes. Nous sommes appelés à être nourris par le Seigneur ; comme notre organisme a besoin d’oxygène pour le sang et pour respirer, comme notre corps a besoin de boisson – de l’eau et de nourriture afin d’être maintenu en vie sinon nous dépérissons et nous mourrons au bout de quelques jours – nous sommes appelés à nourrir notre âme. Et quelle est cette nourriture ? Ce n’est pas la viande ou le poisson, c’est la Présence de Jésus. Jésus nous dit : « hors de moi vous ne pouvez rien faire ! ». Nous sommes appelés à tout faire en Lui pour dire avec Paul : « En lui je puis tout ».
Alors nous sommes appelés, frères et sœurs, vraiment, à adhérer par amour à cette Présence de Jésus, à le recevoir (pour ceux qui le peuvent) dans ce mystère de l’Eucharistie, à adhérer avec foi, avec espérance, avec amour, avec désir ; et pour ceux qui ne peuvent pas communier sacramentellement, d’avoir une communion de désir pour vivre déjà avec Lui, de vivre en Lui qui est la Vie de notre vie. Et à notre tour alors, nous deviendrons consolateurs pour les autres, nourriture pour les autres, soutien pour les autres, canaux d’espérance envers tous ceux que nous rencontrons, et rencontrerons sur notre route.
Oui, qu’à notre tour nous soyons « pain de vie » pour les autres en transmettant Jésus – pas par nous-mêmes – mais en transmettant Jésus, en communiquant Jésus par la vérité, l’authenticité de notre vie chrétienne, par l’authenticité, la cohérence de notre vie intérieure et de ne pas avoir d’hypocrisie, de duplicité dans la vie chrétienne : « d’avoir une carrosserie bien chromée et l’intérieur bien rouillé ! ».
Nous sommes appelés à avoir cette pureté d’âme, à la rechercher sans cesse et si nous tombons, à recevoir la miséricorde divine dans le sacrement de pénitence ; et à nous renouveler sans cesse dans le mystère de l’Eucharistie par l’oblation de notre vie, unie à celle du sacrifice du Christ actualisé dans le mystère eucharistique.
Mais aussi à devenir, pour chacun et chacune que nous rencontrons, des canaux de la grâce, des canaux de l’espérance afin que tous ensemble nous puissions rendre grâce à Dieu ; et devenir dans notre personne, et par toute notre vie avec nos frères et sœurs, une Eucharistie vivante.