Homélie du dimanche 21 octobre 2018
29ème dimanche du temps ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur
Le style oral a été conservé
« Accorde nous maitre de siéger l’un à ta droite, l’autre à ta gauche dans ta gloire »
Une telle demande nous apparait et apparaissait aux autres apôtres comme incongrue !
Pourtant ne nous indignons pas trop vite car bien souvent dans la vie nous recherchons plus ou moins inconsciemment, à être pas trop mal placés pour satisfaire notre ego et exercer un certain pouvoir sur les autres.
Souvenons-nous que Jacques et Jean ont été choisis par Jésus parmi les premiers des apôtres ; ils s’étaient engagés totalement à sa suite. Avec Pierre le chef des apôtres, ils constituaient pour ainsi dire le noyau dur du groupe apostolique. N’avaient-ils d’ailleurs pas eu la faveur exceptionnelle de contempler la transfiguration de leur maitre sur la montagne en compagnie de Moïse et d’Elie ?
Ils étaient véritablement les familiers du Christ ; et reconnus comme tels par Jésus et sans doute par les autres apôtres. Nous savons que Jean se qualifie lui-même dans son évangile comme disciple bien-aimé du Seigneur…
Cependant on peut constater que cette proximité humaine étonnante du maitre ne leur fournit pas encore une compréhension exacte du dessein de sa mission. Ils ne sont pas sur la même longueur d’onde !
Et Jésus le leur fait entendre quand il leur déclare paisiblement « qu’ils ne savent pas ce qu’ils demandent ». Ils ne connaissent pas la portée de leur requête. La réponse du Christ est très nette et signifie le grand écart d’intelligence entre le disciple et le maitre par rapport au mystère du salut auquel pourtant ils ont part ! Jésus leur expliquera peu après qu’ils se sont trompés d’interlocuteur car leur question ne relève pas de sa décision personnelle mais de celle du Père.
Combien de chrétiens, qui prennent part à la célébration du mystère du Christ, n’arrivent pas à saisir la grandeur de leur participation, et par là manquent d’approfondissement de leur foi ?
Pourtant Dieu ne regarde pas très loin. Il regarde toujours l’intention pieuse qui préside à leur pratique religieuse et l’Église ne doit jamais le sous-estimer ! N’est-ce pas à ce propos que le Pape François nous invite, quand il dit aux pasteurs de ne pas mépriser les expressions populaires de la piété ?
Ainsi Jacques et Jean, bien que ne comprenons pas bien l’interrogation du Seigneur – s’ils sont capables de boire la coupe et d’être plongés dans le baptême qu’il leur propose – ils assurent qu’ils le pourront ! Sous-entendu avec la grâce de Dieu que leur communique la foi. Et Jésus de rétorquer que de fait « ils y prendront part ! »
Ainsi même dans une fausse perspective, l’accès de la gloire du Christ qu’ils prétendent leur sera accordé ! Qu’elle est grande la miséricorde de Dieu à notre égard !
Car nous-mêmes après les apôtres même si nous comprenons mal ce que Dieu attend de nous… il fera en sorte que notre bonne volonté soit récompensée. Tout cela pourtant ne doit pas nous empêcher de faire un effort de compréhension et de chercher plus avant à pénétrer dans le mystère auquel le Seigneur désire nous faire participer.
La liturgie de l’Église, d’ailleurs, est pour nous les croyants une aide considérable, parce qu’à travers les textes sacrés que nous entendons, Dieu nous parle. Et les rites (de cette liturgie) que nous faisons également nous permettent de participer à la grande célébration céleste correspondante… car c’est bien cela que nous proclamons, en chantant ici du moins, l’hymne des Chérubins et que nous acclamons avec les anges qui invisiblement nous entourent : « Saint ! Saint ! Saint ! Le Seigneur Dieu de l’univers ».
Mais revenons, frères et sœurs, à ce deuxième volet de notre évangile pour entendre le Seigneur nous donner cette grande leçon d’humilité à laquelle nous devons souscrire après les apôtres. C’est un appel à la conversion de notre pensée toujours limitée ici-bas, surtout au domaine des propositions du mystère de notre foi !
En même temps c’est un appel à une conversion de notre comportement. Nous avons à remettre nos ambitions au bon plaisir du Père céleste comme Jésus son Fils nous en a montré l’exemple. Nous avons à recevoir sa doctrine qui est celle des Béatitudes et que Marie avait déjà chantée dans son Magnificat. L’enseignement évangélique s’inscrit à contre-courant de la pensée de ce monde.
« Les grands font sentir leur pouvoir parmi vous, qu’il n’en soit pas ainsi… celui qui veut devenir grand, qu’il se fasse serviteur… celui qui veut être le premier, qu’il se rende esclave de tous ».
Voilà toute la doctrine que Jésus cherche à inculquer à ses disciples pour qu’ils soient véritablement initiés à son mystère d’amour envers les hommes, son mystère de salut. Après les apôtres, les chrétiens sont amenés à entrer dans l’intelligence du mystère de la croix. Cette croix qui est vraiment la clé de la mission rédemptrice du Christ.
Mais ne l’oublions pas aussi, cette croix est le moteur de l’avènement du Royaume de Dieu dans ce monde ; ce monde en voie de transfiguration finale dans la gloire du Dieu trois fois saint.