Homélie du dimanche 5 décembre 2021 – 2ème Dimanche de l’Avent – Année C
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Par le Père Abbé Dom Vladimir Gaudrat
Chers Frères et Sœurs,
Luc nous dit que Jean parcourt le désert en proclamant un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Préparer le chemin du Seigneur, répondre à l’attente qui est celle de tout le peuple, comme le dira l’évangéliste un peu plus loin, c’est cela.
Aujourd’hui, en ce temps d’Avent, nous sommes invités à avancer sur ce chemin pour y entendre une annonce qui devrait, normalement, encore nous bouleverser : Celui qui viendra pour juger le monde, comme nous le dit la liturgie en ces jours, est prêt à effacer auparavant les fautes, quelles qu’elles soient. Et à l’époque où ces paroles ont été prononcées, cela voulait dire aussi, indépendamment de tous les rituels de purification que l’on célèbre au temple.
Annonçant cela, Jean se révèle être ainsi le plus grand des prophètes ; et ce n’est pas sans signification, que la présentation qu’en fait l’Évangéliste Luc et que nous avons entendu, évoque par bien des points, la manière dont le prophète Jérémie est présenté au début du livre qui porte son nom : « Avant même de te modeler au ventre maternel, je t’ai connu » dit le Seigneur à Jérémie. Celui qui pardonne est aussi celui qui connait jusqu’à l’intime le cœur de l’homme. Ce pardon que Jean annonce est un don gratuit, don qui produit des fruits exprimant la conversion.
Nous pouvons chanter alors avec le psaume : « Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête ». Aux captifs que nous sommes, le Seigneur offre la libération. Il nous offre le fruit de la justice qui s’obtient par Jésus Christ pour la gloire et la louange de Dieu. Le pardon s’obtient par Jésus Christ, lui qui s’est fait péché pour nous ; c’est le cœur de notre foi ; c’est le témoignage que nous devons donner.
Et suivant ce qu’a annoncé le prophète Isaïe : cette offre de salut est destinée à tout être humain jusqu’aux périphéries les plus ultimes. De ce déploiement, le livre des Actes des Apôtres rédigé par le même Luc, en montre le commencement ; et nous pouvons en suivre le développement à travers les vicissitudes de l’histoire jusqu’à aujourd’hui.
Oui, nous le croyons : tout être vivant verra le salut de Dieu.
Les esséniens, ces juifs radicaux qui vivaient au temps du Christ, pensaient que cette même prophétie d’Isaïe ne s’appliquait qu’à eux, retirés dans le désert de Juda pour y pratiquer la loi de la manière la plus stricte et la plus exacte possible. Le chemin de salut que Jean nous demande de préparer passe par l’accueil d’une personne, celle du Sauveur ; celui qui en entrant dans le monde dit : « Tu ne voulais ni offrande, ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles, tu ne demandais ni holocauste, ni victime, alors j’ai dit : Voici je viens… J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée ».
Préparer le chemin du Seigneur, c’est préparer le chemin de Dieu, qui pour sauver tout homme est venu nous rejoindre dans notre humanité. Il est venu – et nous nous préparons à célébrer cette naissance – il viendra à la fin pour juger le monde, mais en cet Avent intermédiaire comme le dit saint Bernard, il vient nous rejoindre dans notre humanité, au plus profond de notre être, pour faire de chacun de nous les membres de son corps. Notre conversion passe alors par ce changement de regard, qui nous fait considérer les uns les autres comme les membres d’un seul corps, qui fait de nous des frères. Il n’y a plus d’étranger car le mur de séparation qui nous opposait a été supprimé par le Christ.
Comme le dit le Pape François dans son encyclique Fratelli Tutti : « L’amour nous met en tension vers la communion universelle. De par sa propre dynamique, l’amour exige une ouverture croissante, une plus grande capacité à accueillir les autres, dans une aventure sans fin… Jésus nous disait : Tous, vous êtes frères ».
C’est ce saut dans la fraternité qui fait de nous les chrétiens radicaux car vivant de l’amour de Dieu répandu en nos cœurs de manière radicale ; chrétiens que nous sommes appelés à devenir. « Et ce jour-là les montagnes distilleront la douceur ; les collines feront couler le lait et le miel ».