“Vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde”
Jésus utilise deux images. Et lorsqu’il utilise des images, c’est pour illustrer un enseignement, pour mieux le faire saisir, pour le fixer. Une image parle en effet plus que les mots, elle suggère et elle ouvre des pistes.
La première image, c’est celle du sel. Et cette image véhicule plusieurs idées.
Tout d’abord, on n’utilise pas le sel pour lui-même mais pour son action sur ce à quoi on le mêle. D’ailleurs, le sel on en parle quand il y en a trop ou quand il n’y en a pas assez ! Quand il y a la bonne dose, on n’en parle pas ! Donc, il doit être mélangé, il doit être utilisé en petites quantités ; et son rôle est d’amener ce à quoi il est mêlé, à prendre toute sa saveur, à donner tout son arôme. Et une autre fonction du sel, c’est de conserver, de garantir de la putréfaction.
Sans aucun doute, cette image veut faire ressortir le rôle des disciples. Tout d’abord des douze mais également de tous ceux qui sont présents et qui sont encore relativement peu nombreux. Ils ont un rôle important à jouer : ils devront faire ressortir au maximum toutes les valeurs que porte leur entourage ; ils doivent conserver, maintenir l’intégralité de cette bonne Nouvelle dont ils sont porteurs. Et pour cela, ils doivent être les premiers à recevoir ce sel qu’ils vont porter ; ils doivent prendre tout leur goût de Celui qui est venu sur cette terre pour rendre à l’humanité sa saveur première, pour lui donner ce goût qu’il voulait pour elle de toute éternité. Pour nous le sel, c’est l’Église ! Et si l’Église est le sel, c’est bien qu’elle n’est pas là pour elle-même mais pour autre chose à quoi elle doit communiquer sa saveur. Et dans la mesure où la vie des disciples a de la saveur, elle met en appétit les autres ; elle rejaillit sur tous ceux à qui notre vie est mêlée.
Baptisés, engagés, quel que soit notre état de vie, n’oublions pas que nous sommes porteurs de sel ; et n’oublions pas que ce sel que nous portons, permet à toutes les valeurs présentes au monde de s’épanouir pleinement… ce n’est pas simplement le sel qui apporte… il permet le développement et, en quelque sorte, permet de donner toute la saveur au monde dans lequel nous sommes.
Une seconde image vient compléter la première, c’est l’image de la lumière.
Nous savons que Jésus s’est présenté comme la lumière du monde ; et st Jean au début de son évangile nous le rappelle fortement : “Le Verbe était la lumière, la vraie lumière, celle qui illumine tout homme venant en ce monde”. En déclarant que nous sommes la lumière du monde, Jésus dit que nous devons refléter sa propre lumière ; nous devons donc laisser transparaître en nos vies, la seule et unique lumière véritable : celle de Jésus lui-même.
Et pour illustrer une unique et même idée, Jésus emploie deux images : l’Église et chacun de ses membres ne sont là que pour continuer la mission du Fils, que pour donner sens à toute vie, que pour éclairer tous les hommes.
La question que nous devons nous poser, c’est vraiment de savoir comment être un écran sur lequel se reflète le visage de Jésus Christ, et son visage de ressuscité? Comment faire pour que les hommes qui peuvent nous voir, se demandent : “Qui peut les aimer ainsi?”
Se demandent, quel est ce Dieu qui nous fait vivre ?
Et la réponse se trouve dans l’enseignement de Jésus, et tout particulièrement dans ce que nous appelons “la charte du Royaume” : les Béatitudes, que nous avons entendues dimanche dernier. Nous sommes appelés au bonheur, et nous serons heureux si nous savons vivre en pauvres, si nous sommes doux, si nous avons faim et soif de justice, si nous sommes miséricordieux, artisans de paix et si notre cœur est pur…
Jésus reprend à sa manière cette proclamation du prophète Isaïe que nous venons d’entendre : “Partage ton pain, accueille chez toi les pauvres, les sans-abris ; couvre celui que tu verras sans vêtements ; si tu fais disparaître le geste accusateur, la parole malfaisante, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera lumière de midi.”
Qui que nous soyons, si nous nous engageons dans cette voie des Béatitudes, c’est un trait du visage du Christ que nous incarnerons, c’est un trait de son visage qui viendra illuminer le nôtre. Alors, voyant ce que Dieu fait en nous, ceux qui nous rencontreront pourront rendre gloire à Dieu le Père qui est aux Cieux.