Homélie du dimanche 7 février 2021 – 5ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Frères et sœurs, l’évangile de ce dimanche nous découvre l’enthousiasme que suscitent les prédications de Jésus, spécialement en ce jour à Capharnaüm, la ville des premiers apôtres, qui se trouve située près du Lac de Génésareth.
Après avoir enseigné à la synagogue, le Seigneur se rend dans la maison de Simon et d’André. Sans doute a-t-Il été averti par l’un d’eux, et Il vient guérir leur belle-mère alité. Mais très vite la nouvelle de cette guérison se transmet dans la ville, si bien que le soir “la ville toute entière dit St Marc se pressait à la porte”. Il précise que Jésus guérissait toutes sortes de maladies, y compris ceux qui étaient possédés par les esprits mauvais.
Cependant en dépit de tous ces miracles merveilleux, Jésus semble vouloir se soustraire de l’engouement de la foule. Le lendemain matin, dès l’aube, tout le monde se met à le chercher, certainement pour l’acclamer comme le Messie Roi.
Si le Christ se retire dans la solitude, ce n’est pas seulement pour échapper à l’admiration populaire mais aussi, et peut-être plus encore, pour prier ; puisque St Marc nous le dit : “entrer en dialogue avec son Père dans le silence”.
Le succès remporté auprès des gens paraît le mettre mal à l’aise car personne ne peut vraiment mesurer l’enjeu de sa mission. Sa prédication et ses actes de guérison, libération, ont une portée que ses disciples mêmes ne connaissent pas encore. On comprend qu’Il éprouve le besoin de se reposer dans la prière profonde, d’être uni à son Père, illuminé, réconforté sur son propre mystère de substitution, c’est-à-dire : Mystère d’assumance de l’humanité égarée, malade, souvent dépossédée d’elle-même, à cause des démons.
Jésus doit intégrer en lui-même le poids de la souffrance des hommes et leur déviance dûe au péché. Il doit tout accueillir, tout porter, tout offrir à son Père à travers sa prière. Il ne veut pas se rendre prisonnier de l’opinion flatteuse des foules ; Il ne veut pas s’installer dans cette ville de Capharnaüm, aussi sans doute, peut-être excédé, Jésus répond à ses apôtres, qui le cherchent “partons ailleurs”… cette réplique ressemble à la formule que St Marc reprend souvent pour souligner que le Christ est sorti de chez Dieu afin d’annoncer la Bonne Nouvelle de l’avènement du Règne de Dieu sur la terre.
Le Christ en effet est sorti d’auprès du Père où Il demeure depuis toujours pour nous ramener à l’Amour du Père.
Jésus, en St Jean, reprendra cette expression devant ses apôtres, juste avant la Passion, dans sa prière sacerdotale.
“Ils ont reconnu que je suis sorti de toi” dit Il dans cette Prière. Il reprendra presque dans les mêmes termes cette expression devant Pilate au moment décisif de son ultime confrontation avec l’autorité civile : “Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la Vérité”.
Oui, Jésus nous force à regarder les choses objectivement, en dehors de toutes passions. Il cherche à nous orienter vers le terme transcendant et bienheureux de notre existence, qui en fait, est un long pèlerinage vers Dieu, notre origine et notre fin.
Il ne faut pas se tromper de route car il y a le Malin.
Depuis la Pentecôte, l’Esprit nous pousse à nous dégager des sentiers battus car la royauté du Christ – qui n’est pas celle de ce monde extérieur – s’exerce pourtant pour les croyants, mystérieusement déjà à l’intérieur de nos âmes. C’est la condition paradoxale de l’Église qui vit en tension entre le “déjà accompli” et le “pas encore achevé” du Mystère du Christ Rédempteur et récapitulateur du genre humain.
Nous sommes inclus comme des membres d’un Mystère en voie d’achèvement, en route vers une plénitude d’éternité. Nous sommes donc obligés de bien entendre les paroles de St Paul qui déclare aujourd’hui dans sa Lettre “l’annonce de l’évangile est pour moi une nécessité car je dois m’acquitter de la charge que Dieu m’a confiée”.
L’apôtre Paul a expérimenté que la Parole de Dieu est vivante en nous et qu’elle transforme nos manières de voir, de juger et d’agir. Nous sommes amenés à percevoir les choses de la vie d’une manière différente, conforme à la Parole de Dieu qui s’est incarnée et qui retentit toujours dans nos cœurs. Et, c’est la prière qui est le moyen de nous placer sur les bonnes ondes de l’Esprit : qu’Il fasse de nous des êtres nouveaux en consonance avec la divine volonté.
Dans la première Lecture, nous avons pu entendre Job récriminer contre Dieu, se plaignant d’être traité comme un esclave ; pourtant contrairement à son entourage, il ne désespère pas de la miséricorde de Dieu car il s’en remet complètement à Lui qui connaît son innocence. Il reste convaincu que Dieu le rémunérera de ces maux qu’il a soufferts dans la tourmente.
Il sait mystérieusement que toute chose éprouvée, soufferte, dans l’abandon et la confiance en Dieu, porte des fruits, car cela sert secrètement à la manifestation de sa gloire.
Si le Fils de Dieu est sorti d’auprès de son Père, c’est pour nous dévoiler ce grand Amour dont nous sommes entourés malgré les apparences souvent contraires ; et c’est pour que nous puissions revenir vers ce Père qui veut notre Salut… mieux encore, désire que nous partagions la gloire de son Fils près de lui pour l’éternité.