Homélie du dimanche 7 novembre 2021 – 32ème Dimanche Temps Ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
Les textes de la liturgie de ce jour, de ce dimanche, proposent une méditation sur notre attitude profonde, lors de situations limites où Dieu nous place.
C’est alors là un lieu de vérité par rapport à l’authenticité de notre piété qui généralement reste confinée dans le secret du cœur.
C’est surtout la Première Lecture qui guidera notre réflexion ; l’évangile viendra seulement confirmer cette disposition de transparence du cœur dans notre relation à Dieu.
La Première Lecture nous rapporte un épisode de l’histoire d’Elie le grand prophète pourchassé par Achaz, le mauvais roi d’Israël, du fait de sa défense héroïque des droits du Dieu d’Israël sur son peuple.
La famine sévit comme un fléau dans tout le pays depuis plus d’une année, lorsque le prophète est envoyé par Dieu se réfugier non pas chez un fidèle du peuple élu, mais chez une pauvre veuve habitant Sarepta près de Sidon, un pays limitrophe d’Israël. Elle ne possède plus qu’un peu de farine et un peu d’huile pour préparer son dernier repas ; pourtant à la demande de l’homme de Dieu, elle le partagera avec lui et son fils. Cette femme sait-elle qu’elle prend des risques en ouvrant sa maison à Elie le prophète banni d’Israël ? Accueillir l’autre est toujours un geste dérangeant lorsque l’étranger bouscule nos habitudes, notre confort ; pourtant c’est aussi pour nous un enrichissement, parce qu’il nous introduit dans un univers nouveau, différent du nôtre, et nous oblige à une communication inédite.
La veuve de Sarepta ose donc obéir à Elie ; et lui, lui annonce en retour de son bon accueil que Dieu pourvoira à ses besoins. La femme qui a fait confiance à la parole du prophète, est ainsi déjà récompensée. La simplicité de sa foi confiante la fait vivre dans l’espérance de la promesse. C’est bien ce même abandon à la providence que Jésus découvre en cet autre veuve sans doute plus âgée que la première. Il la voit déposer deux piécettes dans le tronc du trésor du Temple, et Jésus tombe dans l’admiration pour ce geste, il s’en ouvre aussitôt à ses disciples par contraste à beaucoup de gens riches qui mettaient dans le tronc de grosses sommes.
« Je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tout le monde, parce que tous ont pris de leur superflu tandis qu’elle, elle a pris sur son indigence. Elle a tout donné ! »
En donnant sa petite obole, la femme sait que son geste n’a pas grande efficacité au plan financier mais il est très important pour elle. Il est en effet d’une grande portée symbolique ! Ce que Jésus admire, ce n’est pas tant ce qu’elle donne que l’authenticité de sa démarche d’obéissance à remplir son devoir d’une juste piété religieuse. Elle donne, certes, mais on devrait peut-être dire dans la perspective de la foi qu’elle restitue ce qu’elle a reçu de Dieu.
St Paul ne dit-il pas quelque part dans une épitre : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? »
Oui ! L’évangile est catégorique : l’authenticité d’un geste, d’une parole, prime sur son efficacité. Nous trouvons là, au-delà de toute philosophie, de toute sagesse, le primat de la conscience mis en présence de Dieu. De cette conscience transparente à la lumière de Dieu et qui, au fond de l’âme, rend l’acte ou la parole conforme à la volonté de Dieu.
Voilà une source de joie intime pour le cœur pur qui se sait aimé de Dieu.
Ainsi, rend-il gloire à travers un acte délibéré d’essentielle gratitude car nous n’existons que parce que Dieu le veut.