Homélie du dimanche 8 novembre 2020 – 32ème dimanche du Temps Ordinaire  – Année A

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

En ce temps de fin d’année liturgique, l’Église attend le retour du Christ, notre Tête, notre Seigneur, notre Époux.

Comme beaucoup de paraboles, on trouve dans ce récit pas mal d’invraisemblances par rapport au détail de nos vies.

Dans une vue globale en premier : on peut voir que tout semble prêt avec le cortège de jeunes filles, mis en place avec leur lampes allumées, comment se fait-il que l’époux attendu tarde à venir ? Pourquoi ces jeunes filles finissent par s’assoupir ? Pourquoi la réserve d’huile ne peut-elle pas être partagée ? Pourquoi les insouciantes en dépit de leurs supplications ne sont-elles pas admises après avoir acheté de cette huile ?

Il est évident qu’il ne s’agit pas d’un mariage ordinaire, que nous sommes transportés aux Saintes Noces du Royaume : celles du Seigneur avec l’humanité sauvée. Le nombre ‘dix’, des jeunes filles en attente, symbolise d’après certains pères, le nombre minimum requis pour constituer une assemblée liturgique. De fait, à chaque rassemblement de fidèles est commémoré le Mystère pascal, et nous proclamons, après la consécration des Oblats transsubstantiés, le retour prochain du Seigneur. Le Fils de Dieu vient nous introduire et nous faire participer à sa vie divine, à la manière symbolique des gouttes d’eau que nous versons dans le Calice au moment de l’Offertoire.

Le mystère du temps est un facteur essentiel du Mystère rédempteur. D’abord assumé par le Seigneur Lui-même dans son incarnation, puis prolongé dans l’histoire de l’Église par l’œuvre progressive de l’Esprit-Saint dans notre monde.

Toutes les assemblées liturgiques nous engagent à célébrer l’avènement du Salut pour toute la terre. Elles sont d’ailleurs toutes orientées vers cette parousie encore à venir. L’Esprit Saint et l’Église, ensemble, disent et redisent : “Viens ! Le Seigneur nous prépare à la rencontre du Christ qui tend à rassembler tous les enfants de Dieu dispersés”… L’Épouse a besoin de temps pour mûrir et pour se rendre plus belle afin que l’Époux céleste puisse, en vérité, l’approcher saintement. Oui, viens Seigneur Jésus !

Pourtant, l’Église doit attendre sa plénitude et découvrir l’immensité de l’Amour de Dieu à son égard, afin que le plus grand nombre puisse bénéficier de la venue restauratrice et glorieuse de son Seigneur.

En ce temps, désormais, qui précède son dernier avènement, le Seigneur nous demande d’être sur nos gardes.

Il exige que nos lampes restent allumées au milieu de la nuit, que nous restions attentifs à maintenir cette flamme ; sinon peut être même à la développer par la charité que Dieu nous communique.

Mieux encore peut-être désire-t-Il que nous goûtions cette Sagesse merveilleuse qui est dans le Cœur même de Dieu, celle dont parle si bellement le Livre de la Sagesse et que nous révèle plus tard St Paul.

Dieu veut que nous pénétrions à l’intérieur de son Mystère d’Amour. Il souhaite que nous ayons l’intelligence de son dessein d’Alliance et devenions participants de sa Nature, transparents à la grâce de son Esprit. Vivre de l’espérance vive qui nous est offerte pour désirer plus ardemment cette Vie éternelle, cette Vie éternelle à laquelle Dieu nous prédispose, prédispose tous les hommes de toute éternité.

En Dieu, il y a une prévenance particulière pour chacun d’entre eux. Nous sommes tous ainsi  aimés personnellement par Lui, et tous appelés à répondre. Or nous, moines ou moniales, plus que quiconque nous avons le devoir de satisfaire cette attente à travers les multiples Dons que l’Esprit Saint nous suggère au cours de nos journées.

“L’Amour de Dieu nous presse” dit St Paul. C’est vrai que cet Amour nous presse au sens le plus littéral afin que nous lui présentions cette huile… cette huile ‘essentielle’ qui exprime finalement l’Amour de Dieu inscrit dans nos coeurs.

Dieu Lui-même, en effet, nous communique sa Sagesse qui doit imprégner nos existences et les illuminer… et porter du fruit. Cette huile, c’est aussi pour St Bernard, le souvenir constant du Verbe qui s’entretient dans le silence de notre âme, toute orientée qu’elle est à vaquer de sa Présence intime.

Thérèse d’Avila disait encore à ses filles du Carmel, que “Dieu nous donnait la capacité de l’aimer comme Il nous aime, si bien que nuls, surtout les religieux consacrés, n’étaient dispensés de l’accueillir pour adopter ses dispositions de compassion”.

Nous pouvons conclure, donc : c’est Dieu Lui-même qui choisit de nous faire attendre pour conforter notre patience, pour que nous soyons prêts, davantage, à véritablement le rencontrer, et à nous constituer à la ressemblance de son Cœur eucharistique au milieu de l’Église.

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