Chers frères et sœurs
L’octave de Pâque reprend la célébration de l’évènement inouï de la Résurrection du Christ le 8ème jour, lendemain du jour du grand Sabbat : célébration de la fête de Pâque.
Ce jour désiré par le Seigneur lui-même pour effectuer le passage de ce monde au monde de Dieu. C’est ce grand jour inespéré, unique pour les hommes mortels qui se trouvent encore dans le temps, en attente non d’une quelconque espérance terrestre mais déjà d’une Espérance céleste.
Pâque, Jour innovant, source de toute nouveauté et particulièrement celle de cette renaissance à la grâce tant désirée, afin de vivre dans l’harmonie non seulement avec Dieu mais aussi toute sa création.
Pâque, jour de passage à l’Alliance divine définitive qui inaugure l’ère de la grande famille multiforme du genre humain, dorénavant réunie sous son chef (du moins potentiellement), le Premier-né de toutes créatures.
Lui seul, le Fils du Père inengendré pouvait, par une libre « assumence » (assumation) de la condition humaine déchue, passible, pécheresse, et mortelle, devenir le Premier-né d’entre les morts.
Lui seul engendré de toute éternité pouvait nous hisser au partage d’une condition proprement divine.
Dieu seul en tant que Créateur pouvait condescendre avec son caractère insigne de donateur, nous obtenir en « sur-don », le pardon. Ce pardon qu’on pouvait croire possible de la part d’un Créateur bienveillant, soucieux de la destinée de ses créatures, particulièrement celle de l’homme adapté par l’exercice conscient de la liberté :
Il convenait qu’en dépit de sa chute, l’homme tombé, puisse supplier le Donateur de Vie, pour le libérer de l’empire du Mal, du mensonge et de la mort. Dieu le dispensateur de la Lumière, l’Auteur de la Sagesse et de l’Amour, devait pouvoir être également son Sauveur ; or c’est justement ce que la pédagogie divine s’est efforcée de révéler dans les Écritures, à travers l’histoire d’Israël, et cela d’une manière philanthrope, presque familière. Ainsi le prouve le dialogue entamé avec les Patriarches, celui (dialogue) de la communauté d’Alliance avec Moïse, et enfin celui de la réflexion devant la loi, avec son interprétation tout à la fois réaliste et symbolique, par nombre de prophètes et de sages aux long des siècles.
L’existence de l’esprit en l’homme, même quelque peu abattu, ne pouvait s’empêcher de penser que son Créateur interviendrait en sa faveur ; mais pouvait-il imaginer que Dieu Lui-même se substituerait à l’homme pécheur !
Or c’est là qu’apparait le Mystère de la Miséricorde que la liturgie a remis en valeur depuis le concile ; et que le saint Pape Jean Paul II a voulu expliciter comme le grand geste de l’Amour que Dieu daigna effectuer devant l’homme crée à son image afin qu’il puisse répondre et se convertir, puisque par l’exercice de sa liberté, il en a la faculté. Tout cela prouve combien Dieu estime ses créatures spirituelles encore dévoyées.
Ainsi, selon l’encyclique : « La miséricorde manifeste son aspect propre quand elle revalorise et promeut, quand elle tire le bien de toutes les formes de mal ; en cela, elle constitue le contenu fondamental du message messianique du Christ …qui s’achève avec l’évènement final de la Croix et de la Résurrection… le Mysterium paschale qui a seulement fait justice au péché, mais aussi rend à l’Amour la force créatrice, grâce à laquelle l’homme a de nouveau accès à la plénitude de vie et de sainteté…telle est maintenant l’admirable communication de Dieu avec les hommes …le chemin de la Résurrection passe par la Croix ».
Notre foi et notre Espérance se fixent désormais sur le Ressuscité qui, le soir même de la Résurrection, apparait aux disciples au cénacle pour leur insuffler l’Esprit-Saint afin de remettre les péchés.
C’est à l’Église qu’est confié devant le monde, de professer, proclamer, et de témoigner la Miséricorde révélée par l’Évangile. Les fidèles sont appelés à vivre en état continuel de conversion : composante profonde du pèlerinage terrestre, puisque l’Amour est plus fort que le péché.