Au Golgotha Dieu donne une réponse définitive au Mal et au péché qui divise. Par la croix, Jésus s’offre en vue d’une nouvelle unification des hommes entre eux, et au cœur du cosmos avec Dieu. Il s’agit au sens propre d’une nouvelle création.
Cet acte de Jésus donnant sa vie, frères et sœurs, est essentiellement un acte d’amour. Il n’a pas d’autre cause ; amour de son Père et amour des hommes. Or, nous le savons, l’amour a toujours la vertu d’unir, de mettre en communion.
Le Seigneur Jésus, par ce geste de l’offrande de sa vie, traduisait une quête d’unité entre le peuple d’Israël et les Gentils, c’est-à-dire les non-juifs ; entre les religieux et les pécheurs, entre les puissants et les plus fragiles.
Contempler le mystère de la croix. Telle est la démarche que nous inaugurons en ce dimanche des Rameaux. Il n’y a là aucune fascination malsaine pour le gibet de la croix – qui faisait tellement horreur aux premiers chrétiens qu’ils n’osaient la représenter – mais à leur suite, il importe pour nous de déchiffrer tout au long de cette semaine, le message qui est adressé au monde, à l’Église et à chacun d’entre nous, par la croix du Seigneur. Par ce geste de sa Passion, il s’agit avant tout de l’unité entre les hommes ; unité que par toute sa vie, le Christ n’a cessé de chercher et Il en est mort.
« Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassemblé tes enfants, comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous n’avez pas voulu ! »
Pour se placer avec justesse au pied de la Croix, il faut avoir en tête et dans le cœur, ce désir de Jésus de recueillir tous les hommes et de les unir dans une même offrande au Père. Tout le Mystère du Christ est un mystère de résurrection mais aussi un mystère de mort ; l’un ne va point sans l’autre, et un même mot l’exprime : la Pâque, c’est-à-dire : passage ; alchimie de tout l’être, séparation totale d’avec soi à laquelle nul ne peut se flatter d’échapper.
Une telle perspective peut faire peur à qui aborde le mystère de la Croix de façon extérieure ; le seul remède consiste à contempler en silence cette croix du Christ ; il s’agit d’en découvrir le langage, la grammaire, la signification paradoxale.
Alors pas à pas, chacun peut avancer sur le chemin d’intériorité qui lui fait gouter toute la beauté de ce Mystère de la Croix.
Comme l’écrivait st Ambroise de Milan : « Per crucem, ad lucem »… c’est par la Croix que nous allons vers la lumière. Amen !