Chers frères et sœurs
Comme au début de son ministère public Jésus institua le collège des apôtres, au terme de ce même ministère – avant de passer de ce monde à son Père – Jésus institue l’Eucharistie, geste cultuel qui fait entrer sacramentellement le baptisé dans son Mystère pascal, et lui en donne la signification ecclésiale profonde : en faire un membre de son Corps mystique, un autre Lui-même par le Don suprême de l’Agneau divin glorifié.
Ce Don devenu sacrement de Dieu Lui-même qui se donne sous forme d’une nourriture céleste, car aliment miraculeusement transsubstantié par l’Esprit saint, au milieu des fidèles rassemblés pour la célébration de l’Alliance restaurée avec le Dieu vivant.
Dans l’évangile de st Jean, la mention répétée de « son heure » trouve ici tout son sens : du fait de la volonté délibérée de Jésus d’inscrire sa mort dans le cadre de la liturgie de la Pâque juive qui commémore la sortie du petit peuple Israël de la puissance oppressante de l’Égypte. Celle-ci représente pour Lui comme pour nous, avec la Tradition des Pères, la délivrance de la captivité du péché et de l’accablement du mal. Jésus savait en effet, comme il en fait plusieurs fois allusion dans l’évangile, qu’il venait apporter la grande libération messianique que les Juifs attendaient pour les derniers temps, faisant entendre néanmoins par ses multiples miracles, ses prédications et ses enseignements en paraboles, que cette libération serait avant tout d’ordre spirituelle.
Jésus savait très bien qu’Il lui fallait accomplir toute l’Écriture, jusqu’en ses prophéties les plus terrifiantes, puisqu’Il lui avait été intimé par le divin conseil trinitaire de s’offrir en sacrifice de rédemption pour le salut des hommes. C’est par cet acte sacrificiel qu’Il lui faudrait démontrer l’amour fou de Dieu envers les hommes égarés, loin de Lui depuis le péché originel. Alors même qu’Il convenait d’effectuer maintenant ce retour vers le Père selon le Dessein de bienveillance, cela devait s’exprimer inévitablement par le geste du plus grand amour envers Lui et envers les hommes, à travers l’offrande douloureuse de toute sa Sainte vie sur la Croix. C’est cette Croix qui est devenue glorieuse à jamais pour nous, elle est signe aussi de la bienheureuse Espérance de notre Salut.
L’invention merveilleuse de l’Eucharistie, donne ainsi à Jésus de s’engager irrévocablement dans le don de sa Présence nouvelle qui n’est plus celle de son corps charnel, mais désormais actuellement celle de son Corps de Résurrection, Corps spirituel siégeant à la droite du Père. Cette présence sacramentelle qui transcende l’espace et le temps, nous accompagne cependant au cours de notre existence. Elle incite tous les fidèles sous la conduite de l’Esprit, vers leur progression finale en Église, et les attire au service de l’Amour rendu manifeste, vers cette sainteté exemplaire incomparable du Christ et celle de sa Mère virginale.
Qu’il en soit ainsi pour la Gloire de Dieu !