Homélie du Jeudi Saint
18 avril 2019 – Année C
Par le Frère Jean
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Chers frères et sœurs, après avoir lavé les pieds de ses apôtres, Jésus leur dit : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ».
Cet évènement pourrait être pris comme une expression émouvante – et ce serait déjà beaucoup – de l’humilité de Jésus. Or, la gravité du moment, où ses paroles sont prononcées, en fait plus qu’une parole et qu’un geste d’humilité. Il est un Sacrement, avec un S majuscule… devenu exemple pour nous !
Les pères de l’Église ont qualifié ce double aspect du lavement des pieds, de Sacrement et d’exemple. Sacrement signifie ici non pas l’un des sept Sacrements mais tout le Mystère du Christ en son ensemble. De l’incarnation jusqu’à la Croix et la Résurrection. Cet ensemble devient la force qui soigne et qui sanctifie les hommes. Cet ensemble du Mystère du Christ, de la crèche jusqu’à sa glorification, est une force de transformation que le Christ nous communique. Il nous transforme en lui ! Nous recevons par le Sacrement qu’est le Christ, un être nouveau par notre ouverture à Dieu et par notre communion avec lui.
C’est ainsi, frères et sœurs, qu’en recevant ce Don que Dieu nous fait de « Jésus Sacrement », que nous pouvons nous-aussi, comme l’Évangile vient de le dire, « passer de ce monde au Père » : accomplir notre Pâque à la suite de la Pâque de Jésus.
Un autre mot dans cet évangile décrit le contenu de cette Heure, avec un H majuscule, c’est le mot « Agapé » qui signifie « amour », « don » : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». Ces deux mots « passage » et « amour » s’expliquent l’un par l’autre, tous les deux décrivant la Pâque de Jésus, la croix et la résurrection… la crucifixion, ici, entendue comme élévation, comme passage jusqu’à la gloire de Dieu, de ce monde vers le Père.
Le Seigneur Jésus, frères et sœurs, élargit le Sacrement du lavement des pieds en en faisant un exemple : un Don au service de nos frères !
« Si donc moi, le Seigneur et le maitre, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ».
Ce geste du lavement des pieds se renouvelle aussi chaque fois que nous recevons le sacrement de pénitence et de réconciliation. Par ce sacrement, le Seigneur lave toujours à nouveau nos pieds sales afin que nous puissions nous assoir avec lui.
Le premier sacrement, oui, c’est Jésus, lui-même : à savoir qu’en lui et par lui, le Père vient à nous et vient en nous ; avant même notre agir. Nous pouvons vivre en enfant de Dieu parce que Dieu le premier, en Jésus, s’est donné à nous. Dès lors, nous pouvons agir selon notre nouvelle identité d’enfant de Dieu. Une Sainte, Mère Teresa de Calcutta, et bien d’autres saints, à travers l’histoire de l’Église, avaient un sens très vif du corps « Sacrement », du corps du frère « Sacrement de Dieu », en particulièrement les plus pauvres.
Finalement, Sacrement et Don sont équivalents. D’où l’importance, voyez-vous à la Messe, nous recevons le Corps du Christ, nous recevons le Sang du Christ comme un Don… on ne se l’approprie pas !
Se priver des Sacrements, alors… c’est se priver des Dons de Dieu.
Rendons grâce à Dieu, frères et sœurs, qui dans la paix que nous allons maintenant célébrer dans l’institution, dans le mémorial de l’Eucharistie, nous rend participant de son festin nuptial… indignes que nous sommes d’y participer mais rendus dignes à cause de son trop grand amour. Amen !