Homélie du Jour de Noël 2019
La Nativité du Seigneur- Année A
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Avec Noël nous fêtons dans la joie l’avènement de Dieu en notre humanité. Selon une étymologie contractée familière, Noël veut dire « naissance de Dieu ».
Que Dieu se fasse homme… personne n’y avait songé sérieusement ! Cependant dans l’Ancien Testament, certains prophètes et quelques Psaumes ont pu l’évoquer de façon mystérieuse, imagée. Dieu se présente avant tout, dans l’Ancien Testament, comme un Dieu transcendant, unique ; Il est le Saint, le Tout-Autre !
Pourtant les Écritures nous montrent que le Dieu vivant cherche à entrer en dialogue avec ses créatures. Et nous apprenons qu’avec le petit peuple hébreu, Il accomplit des faits prodigieux. Dieu apprivoise l’homme pour le rencontrer, l’éduquer et le sanctifier !
Oui, Il prend en pitié notre condition de misère. Cette condition de misère dans laquelle nous sommes tombés sous l’influence du démon.
De toute éternité Dieu a le dessein d’élever l’homme jusqu’à sa condition divine ; et c’est sans doute pour cela que le Diable jaloux a tendu un piège à nos premiers parents au paradis. Adam et Ève se sont dévoyés après avoir écouté le discours mensonger du serpent. Ainsi, depuis l’origine, le genre humain est dévoyé. Pire encore, on pourrait dire, il voile sa face devant pareille aliénation, il se contente de désir mesquin, ratatiné, à la seule gloire humaine.
« Vanité des vanités ! » s’exclamait Quohélet, le sage de la Bible, en face d’un monde coupé de Dieu.
Noël aujourd’hui nous rappelle que Dieu s’intéresse au mauvais sort de l’homme ; ce mauvais sort de l’homme qui contrarie de plein fouet la volonté bienveillante de Dieu sur les hommes. Dieu cherche donc à nous retourner vers Lui.
Certains s’offusquent que le Créateur ait permis à l’homme de se laisser égarer loin de lui. Pourtant Il a laissé l’homme à son propre conseil puisqu’il est intelligent… Il lui a accordé la liberté… et c’est parce qu’Il l’a créé à son image et ressemblance.
La dignité de l’homme est dans le pouvoir de choisir le bien plutôt que le mal. St Bernard de nombreuses fois déclare que « la dignité de l’homme tient à son libre arbitre ; l’homme peut décider de refuser le bien que Dieu lui propose ». Il le fait en se fermant à toute reconnaissance jusqu’à l’aveuglement, jusqu’à devenir athée.
Pourtant Dieu ne peut laisser l’homme courir à sa perte. Aussi ‘invente’-t-Il l’incarnation !
Car Dieu peut tout !
Il peut se transformer Lui-même en homme ! Du moins en la Personne du Fils éternellement engendré au sein de la Trinité.
Parmi toutes les créatures, l’homme, seul, a la capacité spirituelle de Le recevoir. Seuls, l’homme ou la femme, étaient aptes à l’enfanter. Il est placé (l’homme) à la charnière des mondes spirituels et matériels ; il contient ces deux mondes en lui-même. Mais c’est Jésus par son incarnation qui apportera le sceau d’une pareille union, une unité même pour l’éternité.
Dieu était d’autant plus désireux de le faire que nous nous étions écartés de Lui. En venant à Noël, Lui qui est « lumière, né de la lumière », Il vient nous sauver de l’erreur. Il vient nous mener à la connaissance de la vérité pleine… si nous le voulons. Il nous apporte l’assurance d’une vie éternelle qui nous avait été interdite.
À Noël, le Verbe commence à se manifester dans le silence. Il se présente comme un Enfant nouveau-né. Cependant, au-delà de toute Parole, Il rayonne déjà de beauté. Les bergers, les mages en seront les témoins.
Dans son prologue, St Jean nous dit que « par lui et pour lui tout a été fait ». Et St Paul dira plus mystérieusement encore « tout a été fait en lui » parce que « Dieu s’est plu à faire résider en lui toute plénitude…tout subsiste en lui. »… quelle révélation !
Le Créateur de la création, aujourd’hui, se fait Premier-né de toutes créatures. Il s’établit comme l’Ainé de la multitude des hommes, et par là, nous permet de devenir ses frères.
Hommes périssables depuis la faute de la Genèse qui nous séparait de la vie de Dieu, nous pouvons maintenant dans le Christ par son Mystère pascal, revêtir l’incorruptibilité. Il suffit de croire en Lui, en cette révélation dont ont été témoins les apôtres, et spécialement St Jean, comme il le rapporte dans son prologue particulièrement inspiré.
« À tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son Nom… le Verbe qui est la vraie Lumière… leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu ».
Le commencement de la création, ce qui est au principe de toutes choses, se révèle aujourd’hui sur le visage d’un Enfant qui resplendit de la gloire de Dieu.
« Il est, dit la Lettre aux Hébreux, l’expression parfaite de son Être divin ».
Mais bientôt retentira sa voix ; Il nous apprendra que Dieu est notre Père ; et que ce Père des cieux désire ardemment que nous devenions ses fils dans la filiation unique de ce « Verbe qui s’est fait chair ».
Si « Il a habité parmi nous », c’est pour nous montrer en vérité le chemin du retour vers Dieu son Père, pour nous obtenir et nous accorder la grâce.
En ce jour de fête, soyons dans la joie, pleins de gratitude envers Dieu qui se rend si vulnérable et si proche.