Merci d’accueillir à Sénanque les saintes reliques de Jean-Marie Vianney.
Notre évêque. Monseigneur Pascal Roland, se réjouit que vous ayez pu bénéficier de cette grâce, pour vous- mêmes, la communauté, et pour tous ceux qui passeront à Sénanque.
Le petit Jean-Marie Vianney disait vers ses neuf-dix ans : « Gagner des âmes à Dieu, ce serait bien ». C’était comme sa définition d’être prêtre : « Gagner des âmes à Dieu, ce serait bien. » Et plus tard, il prolongera en disant lui- même : « Un prêtre, selon le cœur de Dieu, n’est-ce pas le plus beau cadeau que Dieu puisse faire à une paroisse ? »
Ici où vous consacrez votre vie à répondre à Dieu, vous êtes comme cet écrin dans lequel peuvent jaillir des « oui », des réponses à Dieu, par ceux qui passent ici et qui se laissent toucher par le don de votre personne. Mais ce fut le centre même de la vie du curé d’Ars, dont l’univers n’a pas été si facile. Son père n’était pas d’accord pour qu’il entre au séminaire. Longtemps, il a eu à se battre. Vous savez que le peu de culture de sa vie intellectuelle a été un handicap lourd.
Il en aurait été de même pour tous ceux de la même campagne qui seraient allés au séminaire, puisqu’il n’y avait plus d’école dans les campagnes. C’est grâce à un grand frère comme l’abbé Ballet qu’il a pu entrer dans la préparation au sacerdoce, découvrir même le latin et pouvoir après utiliser la bibliothèque-même de celui qui l’avait parrainé, son curé d’autrefois.
Nous voyons que cette consécration à Dieu, ce « oui à Dieu » a été l’enjeu de toute sa vie. Beaucoup de gens sont attirés ou repoussés par le curé d’Ars à cause de son ascèse. Mais en fait, son ascèse n’est que la conséquence de sa consécration à Dieu. Depuis tout petit, seul le Seigneur a attiré et enflammé son cœur. Et l’enjeu pour lui est venu de répondre à la grâce que Dieu lui faisait. Trois fois, il a voulu quitter Ars, non pas parce que la charge aurait été trop lourde, même si c’était le cas, mais bien plus profondément parce qu’il voulait pleurer ses péchés, et rendre grâce au Seigneur pour sa miséricorde ; et continuer à convertir sa personne pour désormais davantage répondre à l’appel de Dieu. Là, où Nabuchodonosor, on le voit dans l’Ancien Testament aujourd’hui, s’amuse de manière blasphématoire et méchante avec les objets liturgiques et en or qu’il a volés au temple de Jérusalem ; là, où dans notre vie – certains peuvent utiliser leur propre vie pour les plaisirs – mais surtout pour laisser Dieu de côté, comme s’il était insignifiant et qu’il n’avait pas sa place dans leur vie. En effet, il n’a plus sa place dans leur vie ! Or, pour le curé d’Ars, tout repart du face à face avec Dieu.
À 4h00 du matin, lors de son arrivée à Ars, l’église est allumée. Les paroissiens sont surpris et ils vont découvrir progressivement comment le curé d’Ars est tout entier donné à Dieu ; et comment, en fait, son ministère va devenir un exemple pour tous les autres curés de l’univers. Et même d’ailleurs, je me permets une précision : vous savez que le curé d’Ars est présenté comme le saint patron de tous les curés de l’univers. En fait, le mot latin est plus précis.
Dans la bulle d’indiction, il est dit qu’il est présenté « comme tous les curés urbi et orbi » ; pour ceux qui connaissent les discours, et les bénédictions « urbi et orbi » de la part du pape, cela dit une tout autre manière d’envisager cette charge de Saint curé, pour tous ceux qui entreront à sa suite dans cette même charge de curé. La collecte que nous avons que nous avions tout à l’heure à Sexte, est le texte exact de la première lecture de l’office du curé d’Ars, Ézéchiel 36, Un Veilleur.
Il a été un veilleur toute sa vie, dans son ministère comme dans sa manière de vivre personnellement. Découvert progressivement par son évêque – qui le découvre en arrivant après que Jean-Marie Vianney soit nommé depuis deux ans – il découvre ce petit prêtre qui ne paie pas de mine, qui est même peu intéressant ; et qui, en fait, est tout entier donné à Dieu.
Que nous puissions dans notre vie – et je vous demande si vous le permettez de prier pour moi en premier – pour tous les prêtres qui passent à Ars, qui sont pour beaucoup cabossés par la vie, écrasés, vilipendés, critiqués, quelques fois complices même de cette critique… pour tous les prêtres : que nous puissions devant Dieu demander cette intercession de Jean-Marie Vianney, qui s’est donné pour la miséricorde, qui s’est donné dans la miséricorde ; et qui est comme une œuvre de miséricorde rendue vivante parmi nous, toujours donnée à Dieu, permettant de donner Dieu aux âmes.