Homélie du Saint Sacrement – Dimanche 6 juin 2021 – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés,

Que fêtons-nous en ce jour ? Plus exactement, qui fêtons nous aujourd’hui ? Le Christ Jésus.

Le Christ Jésus présent parmi nous, vivant, agissant, dans le Mystère de l’Eucharistie.

Jésus institue son Eucharistie au sein même de la Pâque juive. Il assume, Il accomplit toute la loi mosaïque, toute la Torah, toute la foi et toute la Tradition juive, mais en instituant par anticipation sa Pâque personnelle, son Mystère pascal de passion, mort et résurrection, qui est le centre de notre foi chrétienne, son cœur.

La veille de sa passion, Jésus, le Christ, le Messie, l’Envoyé de Dieu, s’offre lui-même comme victime, le nouvel Agneau pascal : celui qui enlève le péché du monde, qui ôte le péché du monde, comme l’annonçait déjà son cousin, son précurseur : Jean, dit le baptiste.

Jésus livre sa vie ; Il la dépose dans son sacrifice sur la croix au Golgotha ; sacrifice anticipé le Jeudi Saint au soir. Dans ce nouveau rite, Jésus, Fils de Dieu et Fils de Marie, est à la fois la Victime, le Prêtre et l’Autel. Et dans l’Église, fondamentalement, il n’y a qu’une victime : Jésus qui s’offre. Il y a un seul Prêtre, un seul Sacerdoce et un seul Autel, qui est la Personne même de Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur.

En instituant l’Eucharistie, le Seigneur Jésus institue en même temps, le sacrement, dit de l’Ordre : Il donne à ses apôtres et à leurs successeurs, les évêques et les prêtres, le pouvoir, comme un Don de renouveler le sacrifice de façon sacramentelle ; c’est-à-dire, d’actualiser dans le temps et l’espace, le sacrifice de la Croix, le Mystère pascal de sa passion, mort et résurrection pour tous les hommes, toutes les nations, toutes les cultures, et jusqu’à la Parousie.

Ce Don est pour toute l’Église, pour sa vie, pour sa construction, pour sa sainteté. Si l’Eucharistie actualise le Mystère du sacrifice du Christ Jésus, il s’inscrit au cœur d’un repas, d’un repas rituel, qui appelle à construire la communion ecclésiale, c’est-à-dire le Corps plénier du Christ. Ce repas sacré est anticipation du Banquet céleste, image sous laquelle le Royaume de Dieu est présenté, cette vie dans le Royaume de Dieu, dans la plénitude de vie-même de la Trinité partagée, participée aux membres de l’humanité.

Le signe du pain et du vin, traverse toute la Bible, toute l’Écriture Sainte ; depuis Melchisédech et Abraham, dans la Livre de la Genèse, en passant par le Livre de l’Exode avec la manne au désert durant quarante ans, précédée par les pains sans levain avant la traversée de la Mer Rouge. Mais aussi le signe éloquent de la vie du prophète Elie et de ce pain mystérieux qui le fortifie pour marcher quarante jours et quarante nuits, jusqu’à l’Horeb (appelé aussi le Sinaï), la montagne de Dieu. Mais aussi le rituel du Temple à Jérusalem, où les prêtres présentaient quotidiennement les « pains de propositions » devant la Face de Dieu, devant le Saint, au cœur du Temple.

L’Eucharistie s’enracine profondément dans toute cette longue Tradition, cette longue histoire humaine et biblique, mais surtout, l’Eucharistie s’enracine dans la Personne-même du Christ Jésus. L’Eucharistie de l’Église, c’est Jésus ! Jésus Hostie ! C’est Jésus Pain de vie ! C’est Jésus réellement présent dans toute sa Personne, avec son humanité, sa divinité, son Corps, son Sang, son âme… bref Jésus !

C’est ce même Jésus qui était dans le sein de Marie, le jour de l’Incarnation, qui vivait humblement à Nazareth pendant trente ans, et qui marchait sur les routes de Palestine, qui prêchait au bord du Lac de Tibériade, qui est monté vers le Golgotha, qui est ressuscité le troisième jour.

Ce même Jésus qui est vivant, qui est le Vivant pour les siècles, et qui siège auprès du Père. C’est-à-dire qui est en communion avec son Père et qui agit, qui est notre Intercesseur auprès du Père, le premier Paraclet (le second étant l’Esprit Saint) qui intercède, qui est l’Avocat en quelque sorte, pour les péchés du monde.

Si Jésus est devenu le Pain vivant, c’est pour nous donner la Vie. Jésus veut se communiquer, Il veut se donner pour nous offrir sa propre vie et nous ouvrir à la plénitude de notre être. S’il y a une différence éternelle entre l’Être de Dieu, qui EST et qui se confond avec l’éternité, notre être est un être participé, nous sommes des créatures, et cette altérité infinie entre Dieu et nous, est comblée par l’Amour de Dieu qui, au niveau de l’Amour, nous met au même niveau que Dieu lui-même !

Le Seigneur Jésus a eu cette invention d’Amour impensable de se donner comme pain ; plus exactement, se donner dans le pain comme nourriture pour notre âme et pour notre corps. Notre âme a besoin d’être nourrie sinon elle meurt !

Si l’être humain a besoin de se nourrir pour vivre et d’assimiler la nourriture quotidienne afin de conserver sa propre vie, le Seigneur Jésus vient à nous comme nourriture céleste, à travers la réalité matérielle du pain et du vin qui, après la consécration dite par le prêtre, devient son Corps et son Sang. En recevant le Christ Jésus dans la communion eucharistique, nous ne détruisons pas la Présence de Jésus (et Lui ne nous détruit pas) : nous accueillons Jésus… Plus encore, c’est Lui qui nous accueille et nous fait entrer en communion intime avec Lui.

Ce que l’esprit humain, et plus profondément l’amour humain dans sa plus grande beauté et ferveur, désire ardemment, désire le plus, mais ne peut le réaliser vraiment, est accompli par l’Amour de Dieu : cette plénitude de communion, cette soif de communion qui habite le cœur de l’homme. Cette soif de salut au plus profond de notre humanité, et dans la réalité concrète et matérielle de notre existence.

Si l’Eucharistie est nourriture, si l’Eucharistie est comme la Vie de notre vie, elle est aussi le signe et la réalisation de l’Alliance de Dieu avec les hommes et des hommes avec Dieu. Participer à l’Eucharistie n’est pas facultatif ! Participer à l’eucharistie dominicale ou quotidienne n’est pas surérogatoire… elle est vitale – même si Dieu peut suppléer pour des motifs légitimes à l’absence physique, comme on l’a vécu avec le Covid – le principe existentiel demeure ; une vérité n’enlève pas une autre vérité.

L’Eucharistie nous donne de participer et d’offrir notre propre vie dans toute son étendue, avec ses beautés et ses creux, à l’offrande même de Jésus. Cette offrande personnelle de notre vie est inséparable de la dimension communautaire de l’Eucharistie. L’Eucharistie est le signe et le moyen efficace de la manifestation de l’Alliance de la Trinité avec l’humanité. Cette humanité recréée qui s’appelle l’Église !

Si l’Eucharistie, appelée aussi la Messe, la Fraction du Pain, les Saints Mystères, est actualisation du Sacrifice de la Croix, elle est, fondamentalement, action de grâce d’Amour à Dieu le Père.

L’Eucharistie est toujours offerte à Dieu le Père par son Fils dans l’Esprit Saint, pour remercier Dieu, Lui rendre grâce (qui est le nom même de l’Eucharistie), Lui rendre louange, adoration et gloire, pour Lui-même – parce que Dieu est Dieu – pour la création de l’univers, visible et invisible, les anges, les hommes, le cosmos et pour le Salut qui s’accomplit sur la Croix, et par la Croix, et la résurrection du Christ.

Frères et sœurs bien aimés, ayons soif de venir participer à la célébration Eucharistique, à la Messe, pour vivre de Celui qui veut se donner à nous, sans mesure, afin que nous vivions de sa vie en abondance. Il veut en quelque sorte que nous respirions à pleins poumons.

Venons aussi rencontrer Jésus qui demeure présent dans les espèces eucharistiques au cœur de tous les Tabernacles du monde, afin de trouver près de Lui (Jésus), amour, pardon, réconfort, lumière, force vie. Et qu’ainsi à notre tour, notre propre vie, notre propre être, devienne une Eucharistie, une action de grâce à la louange de Dieu, au Dieu trois fois Saint, qui est Père, Fils et Esprit Saint pour les siècles des siècles.

Amen !

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