Homélie du Vendredi Saint
19 avril 2019 – Année C
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Frères et sœurs, ce long récit de la Passion du Seigneur, rapporté par St Jean, nous montre le déroulement, la mise à mort du Messie, du roi d’Israël, qui va changer le cours de l’histoire.
Nous, chrétiens, nous avons la grâce, et en quelque sorte, la responsabilité de croire que Jésus est le Fils de Dieu envoyé par le Père des cieux pour sauver les hommes. Nous savons que ce drame de la Passion a été assumé librement par le Christ, et que par-là, l’instrument de torture et de déshonneur de la Croix, est devenu l’instrument de Salut. Elle (la Croix) débouche – après la mort agréée par le Père comme un sacrifice saint – sur la résurrection et la vie éternelle.
La Croix est maintenant, pour les croyants, le signe par excellence du Mystère de la rédemption que beaucoup, même au-delà des chrétiens, espèrent. Certes, c’est quelque chose de peu compréhensible à la raison purement humaine… mais quand elle est célébrée dans la foi en Église, elle est toujours efficiente, très spécialement lors du mémorial eucharistique que nous commémorons sacramentellement au moins une fois par semaine, sinon plus.
La Croix demeure pour nous le signe sacré par excellence qui invoque la présence bénie du Seigneur sur toutes les réalités de la terre. Le bienheureux Pape Paul VI disait :
« Quel est le lieu précis où se rejoignent les quatre branches constitutives de toutes créatures ? Là où se conjuguent les deux axes de toute vie humaine : l’immanence et la transcendance se superposent… là dépend la destinée de tous les êtres. Depuis le péché, nous pressentons tous qu’existe une sentence, qui du haut des cieux descend sur cette victime innocente, de même que nous pressentons qu’une condamnation émerge des abîmes du Mal et ainsi l’oblige à mourir en sacrifice. Il y a deux lois, poursuit ce Pape, qui se croisent, et qui au lieu de s’annuler mutuellement, s’accumulent et se conjoignent pour faire du Christ, l’Agneau immolé pour le péché du monde ».
Oui, il est l’Agneau pascal. Jésus crucifié ! Jésus crucifié a les bras ouverts parce que la justice et le péché ne sont pas seuls à se rencontrer sur la Croix mais il y a aussi, par lui, l’amour divin qui les embrasse.
Par lui, le ciel s’ouvre, un éclair céleste embrase le monde entier d’un amour de miséricorde. La Croix est devenue le point d’attache d’un amour plein de miséricorde tombant sur l’humanité car c’est pour elle que le Fils incarné de Dieu a accepté son infamie et sa cruauté. C’est à partir de la Croix du Christ, qu’à l’inverse, les ondes de la bonté de Dieu parviennent à toutes les âmes en vue de les sauver. Sans la Croix, le genre humain se perdrait, mais avec elle, il peut désormais être sauvé. Devant la Croix du crucifié, personne ne peut rester indifférent. Nous y sommes tous intéressés ; mieux, nous en sommes tous, d’une manière ou d’une autre, frappés ! Le Christ nous regarde encore du haut de sa Croix, spécialement aujourd’hui, il nous attend, il nous appelle, car il nous aime totalement jusqu’à l’extrême. Nous devons croire, frères et sœurs, que notre passé, notre présent, notre avenir, sont consacrés dans la figure de la Croix du Christ en son Mystère salvateur, et ce sacrifice peut être comparé avec nos frères orthodoxes à une balance. La Croix est le signe d’une option, d’une appréciation apportée sur notre conduite autant que sur celle des autres : la vraie justice, l’effusion de la miséricorde, la preuve ultime de l’amour. L’amour authentique se prouve à la mesure paradoxale que le Seigneur adopte pour lui-même : en mourant pour le Salut de tous !
Frères et sœurs, notre vie chrétienne doit être fondée sur l’acceptation du sacrifice, sur la sanctification de la souffrance, sur la part oblative de notre volonté qui cherche fondamentalement à s’unir à la divine charité. Cette charité qui a ses prolongements divins et qui touche mystérieusement le monde entier. Notre vie morale reliée au Christ a une portée que nous ne soupçonnons pas assez ; elle baigne dans les principes de notre foi ; elle témoigne du comportement du Christ à l’égard du monde dans lequel nous sommes plongés aujourd’hui.
Amen !