Frères et sœurs bien-aimés,

l’apôtre Saint-Jean nous dit que Dieu est amour. Dieu est Amour.

Si l’existence de Dieu peut être atteinte par l’intelligence humaine, c’est-à-dire tout être humain peut connaître Dieu par ses attributs, et avoir la certitude qu’un être au-dessus de l’histoire humaine est la source de toutes choses et accompagne l’humanité. La révélation chrétienne, la révélation judéo-chrétienne, nous fait connaître Dieu en lui-même. Plus exactement, c’est Dieu qui se dit. La révélation chrétienne est une parole de Dieu sur lui-même. Ce que l’intelligence humaine ne peut pas atteindre, c’est le donné révélé qui nous est transmis par l’Église dans la Tradition vivante, à travers l’Écriture et garanti par le magistère de l’Église.

Oui, Dieu est Amour. Cette révélation est éclairée par ce que l’Écriture sainte nous dit sur le Mystère de l’incarnation du Verbe. Le Fils unique de Dieu, le Logos éternel, a pris chair dans le sein de Marie. Il s’est fait homme, il a vécu une vie d’homme, humble, cachée, pauvre, à Nazareth pendant trente ans, puis pendant trois ans, son ministère public, et nous venons d’écouter sa passion. Ces quelques heures où Jésus assume sur lui tout le mystère d’iniquité, tout le poids du péché du monde, tout le poids de l’injustice. Il prend tout sur lui, il catalyse sur lui tout le Mal de l’humanité, le mal angélique, le mal qui existe sous toutes ses formes, afin de saisir ce mal et d’être vainqueur du Mal par son humilité, par son obéissance, par ses souffrances.

Jésus vient nous libérer, vient libérer l’humanité non pas en cassant toute chose, en étant un roi puissant qui écraserait ses ennemis, mais c’est en accueillant le mystère du Mal qu’il prend sur lui afin de nous libérer, d’être vainqueur de Satan, vainqueur de toutes formes de péché, vainqueur des racines même du Mal, afin de nous en libérer. Et ainsi Il nous apporte la lumière, la vérité, la force pour vivre notre vie.

Alors pour répondre à cet amour, pour répondre amour pour amour, il y a une attitude fondamentale qui s’appelle la confiance. Puisque Jésus a réalisé le Salut de manière absolument gratuite, et le Salut est offert à tous de manière absolument gratuite, nous sommes appelés pour répondre à cet amour ; et bien, de nous mettre à la suite de Jésus, de vivre l’évangile, de nous efforcer jour après jour, de nous convertir jour après jour pour vivre l’évangile. Et nous avons été baptisés, et certains seront baptisés dans la Nuit pascale, baptisés, plongés dans cette mort du Christ qui nous libère de tout esclavage. Le chrétien est par définition un homme, une femme libre ; libre non pas de faire n’importe quoi, mais libre par rapport au Mal. Cette liberté suppose un combat ; la vie est un combat, un combat contre le mal, non pas contre les personnes, mais contre le Mal, contre toute forme de mal, ce qui nous habite en nous-mêmes.

Si le baptême enlève en nous le péché originel et tous les péchés personnels, il ne supprime pas la tendance au mal, ce qui implique un combat, un combat permanent jusqu’à la mort, la mort inclue.

Tant que nous ne sommes pas rentrés dans la maison du Père, le combat durera.

Nous sommes appelés à vivre ce combat dans une confiance inébranlable, quoi qu’il arrive, dans la vie personnelle, la vie familiale, la vie ecclésiale, la vie nationale, internationale, à travers les guerres qui sont présentes, les guerres qui peuvent arriver prochainement ; et bien, d’être enraciné dans le Christ, édifié en Lui, afin de recevoir sa vie comme un arbre, une plante, reçoit la vie de ses racines.

Nous recevons cette vie du Seigneur Jésus ; nous sommes les Sarments, pour reprendre l’image de Jésus au chapitre 15 de Saint Jean, nous sommes les Sarments de la vigne ; Jésus est la vigne, et le Père Céleste est le Vigneron ; nous recevons cette Vie. Et cette vie nous est communiquée par la vie sacramentelle. La vie sacramentelle n’est pas surérogatoire, une possibilité parmi d’autres, mais ce sont les canaux vitaux de la vie surnaturelle, de la vie trinitaire qui nous sont communiqués : le baptême, la confirmation, et puis aussi le sacrement de l’Eucharistie qui est le centre-même du septénaire sacramentel : recevoir l’Eucharistie ; et le sacrement de pénitence qui est là pour nous redonner sans arrêt l’aspect vivifiant du baptême, le pardon des péchés, mais aussi la dynamique baptismale, de ne pas être poussif dans notre vie de baptisé, mais être actif, de vivre une passivité active ou une activité remplie de la passivité de la grâce divine. Nous sommes appelés à avancer sur ce chemin, et donc le récit de la Passion selon saint Jean que nous venons d’écouter, d’entendre, de méditer ; et bien, nous sommes appelés à y répondre en la vivant dans notre propre vie, quelles que soient les épreuves de la vie, quel que soit l’aspect submergeant des difficultés, quelle que soit l’épaisseur des péchés, des ténèbres, la lumière du Christ transcende toutes choses, et rien ne peut arrêter la miséricorde divine.

Donc avançons avec confiance quel que soit notre état de vie ; avançons avec confiance quelle que soit la situation du monde ; et avançons avec confiance quel que soit l’avenir du monde qui est dans la main de Dieu, non pas dans la main des chefs d’État, mais dans la main de Dieu. Les chefs d’État font des projets, ils peuvent faire beaucoup d’injustices parfois, mais nous sommes appelés à faire confiance par la prière, par la pénitence ; et d’être certains que Dieu veut changer le cours de l’histoire. C’est notre liberté qui écrit le cours de l’histoire, ce n’est pas une fatalité, ce n’est pas un destin sur lequel nous serons écrasés ! Non ! Notre liberté, le choix de Dieu, le choix de la miséricorde tant sur le plan personnel que communautaire, change le cours de l’histoire. Et nous sommes appelés à exercer notre liberté, à vivre selon la grâce dans notre liberté qui nous est donnée par Dieu. Et malgré toutes les difficultés qui peuvent exister, la Lumière et le Bien seront toujours supérieurs au Mal.

Alors aujourd’hui, prenons avec la grâce de Dieu la décision de vivre vraiment dans la lumière du Christ, dans la puissance de sa grâce, Lui qui est mort et ressuscité pour nous. Et laissons-nous conduire par le Christ ; entraînons les autres par notre prière, notre exemple intérieur et extérieur, afin de vivre en Esprit et Vérité, de vivre dans la puissance de la vie trinitaire qui peut changer le cours de l’histoire, et qui nous permet d’accomplir la volonté de Dieu, de participer à son Salut, et d’entraîner nos frères et sœurs en humanité vers la lumière du Christ.

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