Frères et sœurs bien aimés, la célébration de la mémoire liturgique des apôtres Pierre et Paul nous remet au centre de notre foi. Quel est l’objet de notre foi ? Quel est le centre de notre foi ? C’est une Personne ; la Personne du Christ Jésus. Deuxième Personne de la Trinité qui a pris chair de Marie de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme. Voilà l’objet de notre foi, une Personne divine qui assume la nature humaine.

En étant revigoré, rafraichi en quelque sorte spirituellement, par cette fête, nous pouvons repartir avec beaucoup plus d’audace dans notre vie de foi soutenue par la prière des apôtres Pierre et Paul. Si le Christ Jésus est l’objet de notre foi, le Seigneur a prévu dans sa pédagogie divine – tant dans l’Ancien Testament que dans la Nouvelle Alliance – un accompagnement du peuple de Dieu, et de chaque membre du peuple de Dieu, et de chaque être humain sur la terre. Nous ne sommes pas seuls laissés au bord du chemin. Le Seigneur s’occupe de chacun et de chacune, même si les apparences sont parfois contraires. Dieu n’abandonne, n’oublie personne. C’est nous qui oublions les autres !

Nous sommes appelés à nous recentrer, et à garder notre regard, comme disait le psalmiste : « Qui regarde vers lui (le Seigneur) resplendira sans ombre ni trouble au visage ». Car Dieu est lumière, il n’y a pas d’ombre…c’est pas comme la météo, ça ne change pas selon les moments de la journée. Nous sommes appelés à garder le regard de notre âme fixé sur la Personne de Jésus.

Le Seigneur nous accompagne tout au long de notre vie. C’est Lui qui a fondé l’Église ; c’est Lui qui non seulement est la pierre angulaire mais le fondement de l’Église et de notre foi. C’est Lui qui anime l’Église. Certaines personnes veulent réformer l’Église. Comme dit l’adage catholique : l’Église est en perpétuelle réforme ; ce n’est jamais fini, il faut toujours se convertir.

Ce n’est pas nous qui changeons l’Église, c’est la puissance de la grâce qui la change. L’Église n’est pas une structure commerciale, une structure institutionnelle, où il faudrait des bons managers pour ajuster les choses, avec aussi des mises à jour très fréquentes pour adapter les choses… pas du tout ! C’est l’Esprit Saint qui est le protagoniste de la vie de l’Église. C’est Jésus qui donne vie ; Source qui anime et conduit son Église.

Certes l’Église a certains membres pourris – qui sont appelés à se convertir – mais ce n’est pas parce que certains membres s’écartent que l’Église elle-même est touchée, et qu’il faudrait adapter les choses à la mode du jour.

Nous sommes appelés à accueillir ce mystère de l’Église, et à nous convertir… vous savez, il y a une grande facilité : toujours les autres doivent se convertir… mais qu’est-ce que je fais, moi, dans ma vie ? Est-ce-que ma vie personnelle, intime, est vraiment en conformité avec l’Évangile ?

On critique les autres d’être des hypocrites, et parfois ça arrive ; mais est-ce-que nous ne sommes pas hypocrites ? Est-ce que tout n’est pas ajusté dans notre vie ? Est-ce-que nous sommes vraiment droits ?

Mère Teresa répondait à un journaliste qui disait, « le monde va mal, tout va mal… » : « Écoutez, il faudrait nous convertir vous et moi, alors le monde ira déjà mieux ! »

Commencer par soi-même ! On veut changer la planète, à juste titre, mais commençons par notre planète personnelle et, par capillarité, par grâce de Dieu, les choses vont avancer. Comme le disait Saint Séraphin de Sarov, un saint orthodoxe russe au XIXème siècle (ou son commentateur lui fait dire mais à juste titre) : « Si tu es en paix, des milliers autour de toi seront en paix ». Ce n’est pas une paix psychologique… c’est une paix profonde, être habité ; l’inhabitation de la Trinité en soi ; et cette paix va rayonner. Ce ne sont pas les structures à changer – parfois cela peut arriver – c’est nous qui devons nous convertir toujours plus au Seigneur Jésus.

Et le Seigneur a fondé l’Église qui nous accompagne tout au long de l’histoire de l’humanité, de notre histoire personnelle, par la vie sacramentelle à commencer par le baptême, jusqu’aux funérailles. Le Seigneur nous accompagne constamment pour nous donner sa vie.

Le Seigneur est là pour nous guider. L’Église nous accompagne, comme une mère qui entoure ses enfants, qui a toujours souci des enfants, qui se fait du souci parfois de manière un peu injustifiée. Nous sommes appelés à vivre au sein de l’Église, à nous convertir, à nous aider les uns les autres à nous convertir, à purifier notre vie. Mais aussi à recevoir la vie trinitaire de l’Église.

Dans l’unique Église du Christ qui subsiste dans l’Église catholique, nous avons tous les moyens de Salut. Nous sommes des privilégiés à tous les niveaux. Ce n’est pas parce que nous avons tous les moyens de salut que nous les mettons en œuvre, que nous sommes plus saints que les autres ! Malheureusement ! Si des personnes qui combattent l’Église, ou qui ne croient pas, avaient eu peut-être le dixième ou le centième de ce que nous avons reçu, ils seraient des grands saints ! Que faisons-nous de la grâce reçue ? Est-ce que nous ne sommes pas comme des enfants gâtés, toujours capricieux, jamais contents, critiquant tout et tout le monde ? Au lieu de nous remettre en cause et de tirer bénéfice, d’avoir une fécondité de l’immensité des grâces que nous recevons ; et de remercier le Seigneur ; et de nous encourager les uns les autres sur le chemin de la sainteté ; et de voir la beauté de la vie, la grandeur des choses ; pas voir simplement le côté négatif, certes réel, mais négatif.

Il est curieux dans notre vie : nous pouvons passer une journée très agréable, avec des gens très agréables… une seule personne dans la journée va nous faire une remarque (peut-être légitime), et bien, nous allons mouliner toute la matinée et tout l’après-midi, ce que cette personne « elle m’a dit ça ! »… alors que peut-être elle a dit quelque chose de juste. Très curieux de se fixer sur des points négatifs et de ruminer (au lieu de ruminer la Parole de Dieu), d’être offenser, d’être outragé… alors que l’on nous a dit peut-être simplement que la vérité. Mais une vérité qui nous pique. Quand nous sommes piqués dans notre orgueil et notre vanité, évidemment, ça dérange.

Nous sommes appelés à nous convertir sans cesse et à voir la beauté de l’Église, la beauté de la vie de grâce et de nous encourager sur ce chemin en nous purifiant.

Nous sommes aussi appelés à avoir confiance, car le Seigneur nous accompagne toujours. Jésus disait à Sainte Faustine Kowalska : « Dis : Jésus, j’ai confiance en toi ». Avoir confiance en Dieu et des moyens qu’il nous donne. Le Seigneur est là, il nous donne l’Église, il nous donne le Pape François, successeur de Pierre, qui nous guide vers le chemin du Royaume, dans le contexte actuel du monde. Nous agissons toujours dans un contexte défini, non pas en valeur absolue, in abstracto.

Le Seigneur a voulu que dans son Église, l’évêque de Rome, le Pape, guide l’Église. Et nous pouvons marcher avec cette sécurité, voyez, paisiblement en avançant. Cela n’évitera ni les tempêtes, ni les scandales, ni la fatigue, ni l’usure mais le Seigneur est là ; et comme dit le psalmiste :

« Il nous renouvelle par sa grâce comme l’aigle qui prend son envol ».

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